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12E DIMANCHE | TEMPS ORDINAIRE | P. Damien Desquesnes | 21/06/2020



Lorsqu’on regarde autour de soi, on peut remarquer combien la vie des hommes est quelquefois empreinte de banalité. Elle oscille entre le travail - qui est obligatoire - et le divertissement qui cherche à échapper à l’obligation. On peut s’imaginer à quel point a dû être difficile ce confinement pour ceux qui n’ont pu ni travailler ni se divertir.


En se rassemblant ici pour célébrer l’eucharistie, reconnaissons que ce n’est ni pour une raison utilitaire comme dans le travail, ni pour se divertir.


En sortant de chez soi, nous avons fait ce que Jésus évoque dans l’évangile de ce matin, nous nous sommes déclarés pour Lui devant les hommes.

C’est en faisant ainsi que nos vies sortent de la banalité, de cette oscillation - aussi imperturbable que dépourvue de sens - entre le travail et le divertissement.


Puisque la banalité marque la vie du monde, quand on sort de celle-ci, on sort aussi du rang. On a cessé d’être un citoyen lambda, une personne dont le comportement obéit à des lois sociologiques ou peut être décrit à l’aide d’un modèle mathématique.


Plus encore, se déclarer pour le Christ devant les hommes, ce n’est pas faire une exception d’une heure le dimanche. C’est ne plus appartenir au monde ; c’est être possédé par un esprit différent de lui ; c’est ne plus courir avec lui après des riens. Mais pour être sincère, se déclarer pour le Christ - cet acte par lequel notre foi s’exprime concrètement - doit être porté par un style de vie, par une inclination qui façonne toutes nos fibres. En d’autres termes, se déclarer ouvertement devrait être l’expression de renoncements, de choix pour le Christ, vécus dans de petites choses et de façon répétée dans le quotidien.


C’est à cette condition que nous serons solides et que nous ne craindrons pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent rien faire de plus. Jésus le laisse entrevoir. Se déclarer pour Lui n’est pas une légèreté, mais une attitude prise à partir d’une parole entendue dans le creux de l’oreille - c’est-à-dire dans sa conscience -, qui a passé un certain temps dans l’esprit, qui a été méditée et qui a fait l’expérience de la confrontation avec le réel.


Enfin, se déclarer pour le Christ étonnera toujours nos frères en humanité - du moins ceux qui stagnent dans la banalité - parce que celui qui vit selon la foi qu’il professe est un homme qui a déjà fait des sacrifices et qui a préparé sont cœur à en faire d’autres.


Demain - le 22 juin, nous célébrerons la mémoire de saint Jean Fisher et de saint Thomas More. Qu’ont fait ces deux hommes du XVIe siècle ? Sinon qu’ils se sont déclarés pour le Christ au milieu de leur pays, l’Angleterre, à ce moment où, par commodité, leurs compatriotes ont suivi le roi Henry VIII dans sa volonté de séparer l’Eglise d’Angleterre du Siège apostolique. J’évoque ces deux exemples parce qu’ils témoignent de ce que se déclarer pour le Christ au milieu des hommes ne signifie pas haïr ceux-ci ! Saint Thomas More, en croyant et en humaniste, avait justement réussi à équilibrer le choix de Dieu et l’amour de ceux qui ne L’aimait pas : « Je meurs, disait-il lors de son martyre, bon serviteur du Roi et de Dieu premièrement. »

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