Fête de la Pentecôte | 8/06/25 | Abbé Jérémie Kalumire

Aujourd’hui, la liturgie nous propose le récit de S. Luc, dans les Actes des Apôtres, qui décrit la venue de l’Esprit de manière plus solennelle. Ce récit ne doit pas nous faire oublier celui de S. Jean (Jn 20,19-23), plus discret, qui nous présente le Christ derrière des portes closes, offrant à ses apôtres sa paix : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »), et répandant sur eux son souffle de vie : « Recevez l'Esprit Saint ». 

En effet, le récit de Saint Luc s’inscrit dans la ligne de l’événement du Sinaï. Saint Luc veut nous faire comprendre que la Pentecôte, de cette année-là, est un nouveau Sinaï. Les langues de feu rappellent ce qui s’était passé au Sinaï quand Dieu avait donné les tables de la Loi à Moïse (Ex 19,16-19). Pour les disciples de Jésus, désormais la Loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur le cœur de l’homme. Ainsi, l’homme n’est pas soumis à l’extériorité des textes, mais possède en lui l’Esprit de vérité. Aux yeux de Luc, ces « Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel », venus à Jérusalem pour célébrer la Pentecôte, symbolisent l’humanité entière pour laquelle s’accomplit enfin la prophétie de Joël : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair » (Jl 3,1). C’est pourquoi, toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.

Bien aimés de Dieu, il fallait bien ce souffle pour secouer les esprits affligés et délier les langues muettes ; une pluie de feu était nécessaire pour embraser les disciples glacés par la peur. Seul l’Esprit Saint pouvait faire sortir ces hommes traqués de leur refuge. Avec l’Esprit Saint, nous avons tout le contraire d’une église enfermée, repliée sur elle-même. Le pape François nous le disait à sa manière : “Une Église enfermée sent le renfermé.” Nous sommes donc poussés à sortir “sur les places et sur les parvis”. L’Évangile est pour tous les peuples.

Cependant, la mission de l’église n’est pas de “faire croire” mais de témoigner de l’amour. Comme à ses disciples, Jésus nous dit : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements » ; et son commandement, nous savons bien ce qu’il est : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). Notre ressemblance avec Dieu s’affine de plus en plus au fur et à mesure que nous laissons l’Esprit d’amour nous transformer. Jésus dit encore : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui, et, chez lui, nous nous ferons une demeure. ». C’est-à-dire, Si quelqu’un, par amour pour Jésus, se met au service des autres, peu à peu son cœur s’élargira et l’amour de Dieu l’envahira de plus en plus, l’Esprit de Dieu l’embrasera.

Bien sûr, saint Paul nous rappelle, dans la seconde lecture, que nous sommes tous esclaves de nos tendances mauvaises, mais avec la présence de l’Esprit Saint en nous, l’Esprit nous en libère et nous aide à pratiquer le bien. Ainsi, si nous nous laissons conduire par l’Esprit de Dieu, nous sommes vraiment des fils de Dieu, des héritiers avec le Christ.

Nous, les chrétiens, sommes invités à voler plus haut, à ne pas nous contenter d’une vie médiocre, au ras le sol! La Pentecôte nous invite à nous ouvrir à cet Esprit qui nous fait devenir des témoins du Christ. C’est ce que nous dit la séquence de la fête d’aujourd’hui : « viens, Esprit Saint en nos cœurs… Assoupli ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid. Rends droit ce qui est faussé. » Laissons-nous conduire davantage par le même Esprit.