Jésus vous ai dit la semaine dernière que la fête de Pâques me laisse sur ma faim. Elle ne rencontre pas notre curiosité : la résurrection que nous fêtons nous échappe. Nous en ferons certes l’expérience à la fin de l’histoire ; et ce sera mieux que tout ce que je pourrai vous en dire maintenant. Entretemps, l’eucharistie nous façonne, de dimanche en dimanche, portant en elle la promesse de la résurrection… Cependant, il ne faudrait pas renoncer d’aller au plus près de cette résurrection si mystérieuse. Faisons-le en nous mettant à l’écoute des premiers témoins et en particulier de l’apôtre Pierre. On peut dire que lui aussi n’a pas vu le Seigneur remonter des enfers. Par contre, il a vu le Ressuscité ! Et dès le début, son témoignage fut reçu dans la communauté de l’Église comme quelque chose d’indubitable. Ainsi, quand les deux compagnons d’Emmaüs reviennent auprès des Onze, on ne leur laisse pas le temps d’ouvrir la bouche qu’on leur clame : « Le Seigneur est vraiment ressuscité ; il est apparu à Simon Pierre. » Bien sûr, d’autres que Pierre ont vu le Ressuscité, comme Marie de Magdala — elle fut même la première à le voir — et leur témoignage n’est pas sans valeur. Mais on dirait que la vision de Pierre semble confirmer toutes les autres. La force du témoignage de Pierre se voit à de multiples reprises dans les Actes des Apôtres. Nous le voyons investi d’une grande assurance quand il s’agit d’annoncer la Bonne Nouvelle, l’Évangile de la résurrection. À la Pentecôte, il s’adresse à ces Juifs en pèlerinage à Jérusalem. Ils sont les coreligionnaires de ceux qui ont condamné Jésus. Pierre les interpelle, nous l’avons entendu dans la première lecture : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort. » Plus tard, Pierre est traduit devant le sanhédrin. On lui demande de cesser d’enseigner le Nom de Jésus. L’Apôtre répondra qu’il ne peut pas ne pas publier ce qu’il a vu et entendu.
Pierre a vu le Ressuscité, mais pas la résurrection… Pourtant, si nous regardons de près ses paroles, la résurrection qu’il n’a pas vue est pour lui bien réelle. Comment parler d’un Ressuscité sans qu’il y ait une résurrection des morts ? « Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous en sommes témoins. » Même un homme sans culture comme Pierre est capable de remonter sans difficulté de l’effet à la cause. Jésus est ressuscité des morts par l’action souveraine de Dieu : la résurrection est le grand exploit de sa Puissance. Et cela explique aussi pourquoi la résurrection est un événement qui ne pouvait être vu… Dieu, contrairement à l’homme ou à la machine, n’appartient pas aux limites de notre univers : ni lui, ni son action ne peuvent être circonscrites dans les limites de l’espace et du temps, ce qui rend impossible toute perception de la résurrection par les sens.
Frères et sœurs, je ne sais pas si en vous disant cela j’apaise votre faim à propos de la résurrection… Peut-être, le fait que la résurrection nous échappe nous met dans une sorte d’embarras dans un monde qui cherche à voir pour admettre une vérité. En effet, que pouvonsnous avancer comme argument qui plaide en faveur de la résurrection ? Nous aimerions être parmi nos contemporains avec la sécurité que procurent les preuves. Cependant, nous avons trois choses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer…
Un. Si nous ne pouvons saisir la résurrection, sachez bien qu’en réalité, c’est la résurrection qui nous saisit. La vie que nous menons depuis notre baptême se déploie dans la puissance de la résurrection ! En d’autres termes, dans le dialogue avec le monde, il ne peut question seulement d’arguments rationnels… Deux. Le Ressuscité est présent aux siens. Sans cesse, il veut se faire connaître et reconnaître par eux. C’est la grande leçon de l’Évangile d’aujourd’hui : le Ressuscité se laisse découvrir à travers le sacrement de la Fraction du pain. Soyons-y assidus ! Trois. Le troisième élément qui nous donne de la force, c’est la considération de l’avenir. En effet, le Ressuscité vient vers les siens. Il leur apparaîtra dans la gloire. Être disciple, n’est-ce pas aussi tisser sa vie d’une attente et d’une espérance ? Nous attendons que le Ressuscité vienne dans la gloire pour qu’il rende justice et raison à ceux qui ont mis en Lui leur espérance et leur foi.
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