« Humains comme Dieu ! »
Pourquoi donc Noël attire, encore aujourd’hui, autant de monde ? Qu’est-ce qui nous pousse à être si nombreux ? Parmi les réponses qu’on peut apporter, il y a celle-ci : c’est que nous sommes des humains. Beaucoup de choses évoluent dans notre monde, un monde qui déborde de potentiel et qui suscite aussi des inquiétudes. Mais une certitude demeure et elle nous unit pour toujours : nous sommes tous des humains. Et nous désirons être le plus humains possible. L’humanité est notre essence et notre vocation. Même si nous pouvons succomber à la tentation de nous replier sur nous-mêmes, un élan de solidarité peut nous unir à nouveau quand nous sentons un appel à résister ensemble contre ce qui nous déshumanise.
Or voilà qu’à Noël, les chrétiens célèbrent un événement absolument inouï : Dieu s’est fait humain, il est entré dans notre réalité humaine. C’est inconcevable pour les croyants des autres religions, et bien sûr pour ceux qui ne croient pas en Dieu. Que Jésus, l’enfant de la crèche, soit lui-même Dieu, cela ne se voit pas au premier abord. Il a fallu tout un chemin, et que bien des personnes côtoient Jésus, le rencontrent, l’écoutent, soient touchées ou encore guéries par lui – bien plus, il a fallu le grand mystère de sa passion et de sa résurrection – pour que germe cette conviction de foi : Jésus est le Christ, il est Dieu, Fils de Dieu. Dieu s’est fait homme ! C’est proprement inouï. Mais, si on peut dire, qu’est-ce qui lui a pris, à Dieu, de vouloir ainsi venir se loger dans notre pauvre nature humaine, fragile, souffrante, limitée ? Pourquoi vouloir épouser notre existence pleine de dangers et de luttes ? Cela tient en un seul mot : « par amour ». Dieu nous montre qu’il est fou d’amour pour nous. Oui l’amour fait des folies. En venant se faire humain, Dieu nous dit son émerveillement pour notre nature. Bien sûr elle est vulnérable et pleine de défis ; mais Il la trouve belle. Le Seigneur s’émerveille devant l’être humain, et c’est plein de joie qu’Il vient demeurer chez nous. Voilà je pense une première raison pour laquelle nous aimons Noël : c’est que nous aimons quand Dieu nous aime et nous dit la valeur de notre vie. Nous avons besoin d’être reconnus dans notre beauté. Trop de choses nous font douter de nous, des autres, de la vie. Merci Seigneur pour ta visite qui nous rappelle qui nous sommes ! Mais cela ne suffit pas. Car, on l’a dit, nos existences sont souvent – sinon la plupart du temps – difficiles, marquées par la vulnérabilité, par le péché, par le mal. Du coup la naissance du Fils de Dieu dans notre chair, puisqu’elle est un geste d’amour, est aussi destinée à nous relever, nous soigner et nous guérir : en un mot, nous sauver. Comme l’a magnifiquement résumé saint Irénée, évêque de Lyon au 2e s. : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. » Voilà encore pourquoi nous aimons énormément Noël : parce que notre humanité que nous aimons, Dieu vient l’habiter pour l’embellir, pour la soigner et la sauver. Alors oui, qu’il vienne ! Qu’il vienne sur notre terre, partout ! Qu’il vienne dans nos villes, dans nos maisons, et jusque dans nos propres cœurs ! Et faisons-lui la fête ! Rassemblons-nous, prions, chantons, fêtons, mangeons et buvons ! Le nom de Jésus signifie : « Dieu sauve ! »
Ce Noël 2024 est marqué par un événement particulier : en ce 24 décembre, le pape François ouvrira solennellement la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre du Vatican. Il marquera ainsi l’entrée dans l’année jubilaire 2025. Dans l’Église, un jubilé ça n’arrive que tous les vingt-cinq ans (en plus de quelques jubilés dits « extraordinaires »). C’est chaque fois un moment fort, une année spéciale, afin de relancer la marche des croyants, de fortifier leur foi, leur amour et leur espérance. Justement, le thème du Jubilé 2025 est : « Pèlerins de l’Espérance ». L’espérance, c’est l’élan que Dieu fait jaillir dans nos cœurs quand il nous montre qu’avec lui, nous avançons. Non, nous ne tournons pas en rond, l’histoire du monde ne mène pas nulle part. Avec Dieu, nous marchons ensemble vers un horizon, qui est le sens de notre vie : devenir tellement humains que nous soyons comme Dieu lui-même. Frères et sœurs, soyons ces pèlerins, laissons nos cœurs s’embraser au contact de Dieu qui nous sauve, et mettons-nous en route vers les personnes et les lieux qui aspirent à plus d’humanité : soyons les témoins de l’espérance ! Joyeux Noël !
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