Homélie pour la fête des apôtres Pierre et Paul | 29/06/25 | Abbé Eric Mattheeuws
- Xavier Joachim
- 29 juin
- 3 min de lecture
« Frères en Christ et si différents ! »

Le 29 juin, l’Église associe dans une unique fête les apôtres Pierre et Paul. Nous pouvons retenir trois aspects de leur personne et de leur histoire, trois éléments qui les lient l’un à l’autre.
Tout d’abord les lectures de ce jour montrent que tous deux ont été choisis, mis à part par le Seigneur pour une mission à laquelle ils sont totalement dédiés, et pour laquelle ils sont en quelque sorte protégés. Pourtant ils sont tous les deux morts martyrs à Rome, l’un crucifié et l’autre décapité. Mais ce contre quoi la puissance de la mort ne l’a pas emporté, c’est la mission de l’Eglise à laquelle ils se sont consacrés. Aujourd’hui, nous honorons leur martyre.
Ensuite, Pierre et Paul ont en commun d’avoir vécu chacun une rencontre forte et intime avec Jésus-Christ, une rencontre qui a littéralement bouleversé leur vie. Pierre a été recruté au bord du lac, et il a laissé derrière lui son père et son métier ; Paul a vu la lumière du Ressuscité et il en est tombé de son cheval. Dans leur vie, il y a eu un avant et un après. Et pourtant le Nouveau Testament nous montre qu’ils sont restés très humains, avec leurs qualités mais aussi leurs défauts et leurs limites.
Le troisième aspect qui unit Pierre et Paul est paradoxalement la tension qui a existé entre eux. Ils ont eu de profondes divergences de vues. Nous lisons par exemple dans l’épître aux Galates : « Quand Pierre vint à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, car il s’était mis dans son tort » (2,11). Pourquoi souligner ici cet élément apparemment peu valorisant ? N’est-ce pas un accident de parcours à oublier rapidement ? Justement non. Il nous faut voir ces tensions entre apôtres comme inspirées par l’Esprit du Christ. En simplifiant un peu les choses, on peut dire que Pierre incarne la fidélité à l’héritage transmis par le Christ à son Église. Pierre est le garant du respect absolu de l’enseignement et du témoignage de Jésus. Paul, lui, a reçu la mission d’accueillir dans l’Église les remises en questions liées à la confrontation avec de nouvelles cultures, de nouvelles questions, de nouvelles époques. Ces deux pôles, la tradition et l’ouverture, sont tous les deux nécessaires et voulus par Dieu. Mais quel défi de les faire dialoguer pour construire une unique Église ! Car c’est bien de cela qu’il s’agit : bâtir un seul Corps, une unique communion, non par une uniformité, mais une unité dans la diversité.
Ce portrait en triptyque de Pierre et Paul est source d’inspiration pour nos propres chemins de foi en Église.
D’abord, baptisés, souvenons-nous que nous aussi nous avons été mis à part par le Seigneur pour cette mission contre laquelle rien ne peut prévaloir. Même si nous rencontrons des obstacles, le Seigneur fera aboutir son projet de faire connaître sa Bonté à tous. Comme Pierre et Paul, faisons honneur à cette mission qui nous est confiée.
Ensuite, comme pour eux, nos chemins de foi sont jalonnés de moments forts, des « rencontres du Christ » qui d’une manière ou d’une autre nous attachent à lui et déterminent notre vie. Constatons avec réalisme que cela ne change pas notre nature humaine et que nous restons qui nous sommes, avec nos forces et nos faiblesses. Que cela fasse de nous des témoins à la fois humbles et reconnaissants.
Enfin, n’ayons pas peur des tensions qui animent l’Église. Dans la mesure où elles sont le prolongement de celles qui existaient entre Pierre et Paul, elles sont nécessaires à un juste équilibre dans le Corps du Christ. Nous savons bien que dans notre paroisse comme dans tourtes les autres, il y a ceux qui sont plus « Pierre » et ceux qui sont plus « Paul ». Que l’Esprit Saint nous garde dans l’écoute et l’enrichissement mutuels.
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