Si nous parcourons la compagne, nous voyons que les champs qui ont déjà été moissonnés ce sont des champs d’orge. Dans notre pays, la culture de l’orge est importante puisqu’elle est l’ingrédient principal de la bière. Autrefois, on en faisait aussi un pain qui ne pouvait lever que difficilement.
C’est ce genre de pain qu’apporte le jeune garçon de l’Évangile. Un pain à peine levé, mais que le Seigneur va multiplier pour une foule de cinq mille hommes. Saint Jean nous précise que cela a lieu quelques jours avant la Pâque. Comment, frères et sœurs, ne pas faire le rapprochement entre la multiplication des pains et la Cène, au cours de laquelle le Seigneur intitule l’Eucharistie ? Il y a en effet un même genre de pain, des temps identiques et une dimension mystérieuse qui les traverse.
Du soir du jeudi Saint, l’Évangile de Jean mentionne effectivement l’existence d’un repas qui est pris avec quelques convives à peine. Il a gardé le souvenir du lavement des pieds et de l’annonce de la trahison de Judas. Mais, dès maintenant, lors de la multiplication des pains, Jean voit ce que Jésus a voulu faire en instituant l’Eucharistie : nourrir la multitude !
Cette multitude s’annonce dans la foule qui se précipite auprès du Seigneur. Elle est venue à cause des signes et des guérisons que Jésus a faits et qui les ont émerveillées. Elle vient encore pour entendre son enseignement. C’est une foule qui a certainement soif du salut, mais qui ne sait pas encore très bien l’exprimer, qui, à bien des égards, reste encore très terre à terre. D’ailleurs, elle reviendra plus tard auprès de Jésus parce qu’elle a été rassasiée. À cause de cette faim d’être sauvé, pas encore très éclairée, la foule veut s’emparer de Jésus pour en faire son roi.
Nous voyons le Seigneur s’échapper et se dérober à son emprise. C’est en effet trop tôt pour devenir roi. Trop tôt parce que son heure n’est pas encore venu ; trop tôt parce que la foule n’est pas encore prête à entrer dans cette idée que son roi sera un Messie crucifié. Je vous l’ai dit, elle est encore terre à terre.
Mais en échappant à l’emprise de la foule, Jésus veut se faire rechercher par la elle. Il veut quand le recherchant, elle s’interroge sur son mystère : « Pourquoi ne veut-il pas devenir notre roi alors que nous lui offrons la couronne ? »
Oui, il est bon, pour le moment, que Jésus prenne quelques distances par rapport à la foule. Il est bon que cette foule devienne plus sérieuse ; je veux dire qu’elle apprenne à écouter attentivement Jésus et à accepter d’être conduite par lui.
Je vous l’ai dit au début de ce petit mot, la multiplication des pain est une prophétie de nos Eucharisties. Dans son amour, le Christ cherche à nous donner une nourriture pure et excellente. Dans son amour, il nous prépare également : la nourriture qu’il veut donner ne pourra rassasier que ceux qui ont faim de son salut !
N’hésitons pas à marcher sur le même chemin que la foule. Avec elle, nous ferons l’expérience de voir cette faim nous creuser et nous orienter de façon plus consciente vers ce qui nous rassasie vraiment.
Permettez-moi ce matin de vous laisser sur votre faim en m’arrêtant maintenant.
Mais les choses sont faites, frères et sœurs, car les dimanches qui vont suivre seront l’occasion de développer et d’aller plus loin dans les pistes qui viennent d’être ouvertes. Nous verrons quelle est cette préparation, quel est son but ?e de la possibilité d’être exaucée, mais qu’elle repose sur la foi en la bonté de Dieu !
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