« Je fais de toi un guetteur. » En comparant la mission d’Ézékiel à celle d’un guetteur, le Seigneur faisait référence à une réalité bien connue à l’époque. Quand le pays ou la ville se trouvait menacée par des armées ennemies, on plaçait sur les tours et les remparts des guetteurs, afin qu’ils sonnent l’alerte au moindre signe suspect. Ainsi , on pouvait vivre et dormir : grâce aux guetteurs, on ne serait pas attaqués par surprise. De façon analogue, Dieu demande à son prophète d’être un guetteur pour son peuple, non pas pour les protéger contre une armée, mais pour que les méchants se détourne de leur conduite mauvaise. Car Dieu veut sauver non seulement les bons, mais aussi les méchants.
Guetteurs, nous le sommes déjà les uns pour les autres, même sans y penser. Si sans m’en rendre compte je marche droit vers un trou, la personne qui se trouve à mes côtés m’empêchera d’y tomber. Ou encore dans les mouvements de jeunesse, certains jeux nécessitent qu’un membre de l’équipe fasse le guet pour empêcher que les adversaires ne pénètrent dans le camp. Ou encore : les parents savent bien à quel point ils guettent le moindre signe pour savoir si leur enfant est en bonne santé. Bref, nous n’arrêtons pas de veiller sur autrui dans bien des circonstances : c’est naturel. Spontanément, nous voulons le bien pour les autres, et nous tâchons de les protéger du mal.
Jésus veut nous faire voir qu’il nous attend un peu plus loin. Il nous explique que dans le Royaume de Dieu, on cherche même à protéger les autres du mal qui est dans leur cœur, voire même du mal qu’ils nous ont fait ! « Si ton frère a commis un péché contre toi… » Pour Jésus, si quelqu’un porte le mal en lui, c’est plus grave que s’il tombe dans un trou. Comment agir pour le bien de quelqu’un qui m’a fait du mal ? La réponse de l’évangile est : « va le trouver et fais-lui des reproches seul à seul. » Et donc pas : le nier, ni l’humilier, ni me venger, ni casser sa réputation… Rien de tout cela. Un seul souci : lui donner sa chance de se sauver du mal. Le monde serait bien beau si nous étions ainsi des guetteurs les uns pour les autres, pour nous éloigner ensemble du mal. Mais que c’est difficile ! Comment espérer arriver à une telle attitude ? Comment vouloir le bien de la personne qui m’a choqué ou blessé ? C’est possible, mais à certaines conditions, que Jésus précise.
Tout d’abord, il dit : « Si ton frère a péché… » La base, c’est de considérer l’autre comme mon frère ou ma sœur, un enfant du bon Dieu comme moi. Ce n’est pas pour rien que dans la prière que Jésus nous a enseignée, les premiers mots sont : « Notre Père ». Entraînons-nous à nous regarder les uns les autres comme des frères et des sœurs ! La deuxième condition se trouve dans la suite de la phrase : « tu as gagné ton frère. » Il faut que notre objectif soit celui-là : le bien de l’autre et pas mon bien à moi. C’est ce qu’on appelle la pureté du cœur : n’être en rien replié sur soi mais pleinement tourné vers le prochain et vers Dieu. Cette qualité là, c’est dans la prière qu’elle se demande. Enfin, la troisième condition se trouve dans la phrase suivante : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Jésus rappelle par ces mots que si nous voulons vivre selon son Royaume, nous n’y arriverons pas tout seuls, chacun dans notre coin. Il faut se mettre à plusieurs pour pouvoir accueillir Jésus et les dons qu’il veut nous offrir.
Nous sommes le 10 septembre : on est au début d’une année scolaire ou académique… et aussi au début d’une année à vivre en paroisse. A quoi ça sert, une paroisse ? Par exemple, à vivre précisément ce que Jésus nous propose aujourd’hui dans l’évangile. En venant à l’église, en participant à la messe et à diverses activités, nous apprenons peu à peu à nous considérer comme des frères et des sœurs, nous progressons sur le chemin de la prière, et nous nous mettons ensemble pour accueillir Jésus dans nos vies et recevoir sa grâce. Tout cela parce que nous avons tous une mission : être des guetteurs les uns pour les autres et embellir la terre !
Коментарі