Homélie pour le 2E dimanche de Pâques | 27/04/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- 27 avr.
- 3 min de lecture

Frères et sœurs, quel portait de Jésus l’Évangile nous dresse-t-il ?
Il nous le présente comme quelqu’un qui a à peu près tout en commun avec nous… Comme nous, il doit supporter le poids de la chair. Il se fatigue et il doit se reposer ; il a faim et il doit manger ; il subit l’assaut des tentations et il doit y résister. Ses sentiments sont multiples et guère différents des nôtres. Devant l’incompréhension de ses disciples, il est déçu et exaspéré ; il éprouve de la joie et de l’émerveillement quand son enseignement est reçu par les petits ; devant la tombe de Lazare, il pleure ; avant sa Passion, il ressent effroi et angoisse.
Jésus est aussi quelqu’un d’accessible : ses disciples lui posent des questions et, avec patience, il y répond ; il est attentif aux malades ; il fait bon accueil aux pécheurs ; il prend soin des foules et celles-ci l’écoutent avec plaisir. Enfin — et nous aimons cela — Jésus apparaît comme quelqu’un d’authentique : il ne supporte pas l’hypocrisie des pharisiens ni la morgue du riche.
Ce portait — si humain — peut nous sembler assez différent de celui que nous offre la liturgie. Nos icônes dépeignent un Christ plus sérieux qu’un pape. Au lieu de la simplicité des rives du lac de Tibériade, nous avons construit de vastes cathédrales pour le célébrer. Ses prêtres se revêtent d’ornements cousus de fils d’or ; ils respectent un rituel minutieux ; et quelquefois nous les voyons « fumer de l’encens ».
La différence est telle qu’on pourrait parler de trahison de la part des ministres de l’Église… Une trahison qui aurait pour effet d’éloigner les hommes et les femmes de la bonté du Seigneur.
En fait, frères et sœurs, il ne s’agit pas d’une trahison, mais plutôt d’un révolution. Et cette révolution, c’est Pâques.
Oui, il est révolu le temps où Jésus marchait comme vous et moi sur les chemins de ce monde. La résurrection l’a glorifié ; elle a fait de lui le Seigneur et le Christ (voir Ac 2,36) ; à cause d’elle, il a reçu le Nom qui est au-dessus de tout nom (voir Ph 2,9). Quand il apparaît pour la dernière fois aux apôtres, il leur révèle que désormais tout pouvoir lui a été donné au Ciel et sur la terre (Mt 28,18). La résurrection a fait de Jésus le Roi de l’univers. Comme le dit saint Paul, il est un homme spirituel qui vient du ciel (voir 1 Co 15,45-47).
En tout cas, c’est sous cette forme que le Ressuscité se manifeste le soir du premier jour de la semaine et huit jours plus tard (voir Jn 20,19.26). C’est que le Ressuscité est assis maintenant à la droite du Père ; c’est là qu’il faut aller le chercher parce que c’est là, en quelque sorte, son « port d’attache ». Pour être présent aux siens, il doit venir vers eux ; et les limites de ce monde ne sont pas un obstacle pour sa manifestation : Jésus vint et il était là au milieu d’eux, alors que les portes étaient verrouillées (Jn 20,19).
Non seulement les limites de notre monde ne sont pas un obstacle pour lui, plus encore, il les fait sauter. Je pense à la peur dont les disciples étaient transis. Saint Ignace d’Antioche (mort vers 113) témoigne de la transformation prodigieuse de l’état d’esprit des disciples lors des apparitions du Ressuscité : « Aussitôt, ils le touchèrent étroitement unis à sa chair et à son esprit. C’est pour cela qu’ils méprisèrent la mort ; et qu’ils furent trouvés supérieurs à la mort. » (Lettre aux Smyrniotes III,2)
Frères et sœurs, le Christ ressuscité s’est présenté aux siens comme un homme céleste — corporel et céleste… Et ce n’est pas autrement qu’il vient vers nous pour être présent au milieu de nous dans la liturgie. C’est pourquoi cette dernière est un reflet et une imitation du ciel. Elle célèbre toujours Jésus comme Seigneur et Roi de l’univers.
C’est là aussi sa difficulté. Nos contemporains ne peuvent la classer dans les catégories habituelles du travail ou du divertissement. Elle se doit d’être belle, certes, mais elle ne sera jamais « sympa ». Ce qui la décrit le mieux, c’est le livre de l’Apocalypse. Rappelez-vous la deuxième lecture de ce dimanche. Jean, le bénéficiaire des visions, précise qu’il les reçoit le Jour du Seigneur, c’est-à-dire celui où l’Église se rassemble pour célébrer la liturgie. Ne cherchons pas à l’abaisser, à la rendre compatible avec la vie commune, à la compromettre avec ce qui n’est pas de l’ordre de la résurrection.
Comme dans le cénacle, la liturgie est le moment où la foi des disciples est consolidée par le Ressuscité lui-même. Il exorcise leur peur du monde en leur apprenant à chanter sa victoire sur la mort et le péché.
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