Frères et Sœurs, le passage de l’évangile selon S. Matthieu que nous venons d’écouter se situe après la dernière entrée de Jésus à Jérusalem et donc peu de temps avant son arrestation.
Les pharisiens sont décidés de faire condamner Jésus. C’est le motif de leur réunion. L’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »" En effet, pour les pharisiens, la réponse qui ne fait aucun doute est la suivante : « le grand commandement, c’est l’observance du sabbat. » Bien sûr, le sabbat est le souvenir de la libération d’Egypte. L’institution du sabbat est l’un des traits caractéristiques du judaïsme. Alors, les pharisiens attendent que Jésus réponde que « le grand commandement, c’est l’observance du sabbat », pour lui répliquer : « pourquoi violez-vous tant de fois l’observance du sabbat ?» Que de fois Jésus s’est montré le maître du Sabbat !
La réponse de Jésus prend au dépourvu le docteur de la Loi et les pharisiens. Sans hésiter, Il répond en citant deux passages de la Loi. Une citation du Deutéronome, 6,5 : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà dit Jésus : le grand, le premier commandement. » Et un autre passage de la Loi, le lévitique, 19,18 : « et voici le second commandement qui lui est semblable : « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Puis, Il ajoute : « tout ce qu’il y a dans l’écriture – dans la loi et les prophètes-dépend de ces deux commandements. » Cette réponse de Jésus est originale.
Bien que les invitations à l’amour de Dieu et à l’amour du prochain soient déjà proposées dans l’Ancien Testament, Jésus désigne ces deux commandements parmi les 613 commandements répartis dans les divers livres des Écritures qu’on nommait la Loi et les Prophètes, comme les plus grands commandements.
Ensuite, Jésus fait une jonction essentielle entre les deux commandements. Il dit que les deux commandements sont « semblables », c’est-à-dire il y a un lien insécable entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. L’un ne va pas sans l’autre comme l’a si bien compris l’apôtre Jean : « Si quelqu’un dit : ‘ J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (I Jean 4, 20-21). Ainsi, le mouvement vertical – l’amour de Dieu – et le mouvement horizontal – l’amour du prochain – se croisent et se confondent comme les deux bras de la Croix.
Enfin, Jésus ajoute : « De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes », c’est-à-dire tout se résume dans ces deux commandements, non pas que les autres disparaissent ; ils les inspirent tous et leur donnent sens. Toutes les Écritures qui sont la Parole de Dieu ne peuvent se lire, se comprendre, se vivre en dehors de cette perspective.
L’amour de Dieu pour l’homme, en particulier pour le plus petits, est souligné dans la première lecture tirée du livre de l’Exode : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. » C’est dommage que pour des intérêts égoïstes, pour des causes et des enjeux matériels, l’humanité souffre des incompréhensions et guerres fratricides. Les chrétiens sont appelés à prêcher par l’exemple : « Là où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous récolterez de l’amour » dit Jean de la Croix. Quand notre humanité ignore, nie, renie, l’Amour de Jésus, les chrétiens sont appelés à vivre un amour désintéressé, sans limite, à aimer comme Jésus : « Aimez-vous, les uns les autres, comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34).
Que l’accomplissement chaque jour de l’amour sans limite, l’amour de Dieu et l’amour du prochain, soit notre passion et notre joie.
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