L’évangile d’aujourd’hui nous présente une très belle image de notre Dieu, un Dieu plein de miséricorde, de tendresse, de pardon. Ainsi, quand Jésus dit à ses disciples : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent… », c’est une invitation à agir comme Dieu : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Cette invitation se retrouve aussi dans l’évangile de Mathieu : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5. 48). C’est la volonté de Dieu pour son peuple contenu déjà dans l’Ancien-Testament : « Soyez saints car je suis saint, moi, le Seigneur votre Dieu. » (Lévitique 19. 2).
Tout disciple qui écoute réellement l’enseignement de Jésus est invité à « aimer ses ennemis. » Notre première réaction est peut-être de dire : « Mais moi, je n’ai pas d’ennemis » ! En réalité, parmi nos proches et notre entourage, il y a plein de gens qui nous tapent sur les nerfs, qui nous agacent, qui ne pensent pas comme nous ; il y a aussi des gens qui ne sont pas de notre nationalité, de notre classe sociale… ; quelle est notre attitude devant toutes ces personnes ? N’est-ce pas que des fois nous cultivons des attitudes de rejet ou d’indifférence, de mépris et d’exclusion ? L’évangile de ce dimanche recommande aux chrétiens de ne jamais permettre qu’une situation de confrontation et parfois de haine soit définitive. La miséricorde et la tendresse doivent s’adresser à tous ceux qui sont dans le besoin, amis et ennemis.
Malheureusement, l’actualité dans le monde montre des guerres qui n’en finissent plus de répandre le sang de millions d’innocents, entretenant un engrenage de mépris, de la haine et de la violence.
Dans la première lecture, quelle est la raison pour David d’épargner Saül, un ennemi pourtant très dangereux qui lui voulait du mal ? C’est le respect du choix de Dieu : « Je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du SEIGNEUR. » Ce que l’humanité devra comprendre est que chaque homme, partout sur toute la terre, est aimé de la même intensité infinie par Dieu. C’est cela la dignité, l’onction, que Dieu confère à tout homme. Ce n’est pas à notre jugement de conférer cette dignité et de dire qu’un autre être humain est moins humain que moi et moins digne de l’amour que Dieu me demande de lui porter.
Dans la Bible, la violence y est présentée comme une forme d’animalité. Au moment où Caïn est pris d’une folle envie de meurtre, Dieu lui dit : « Le péché est accroupi (comme une bête) à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer. » Et à partir de ce premier meurtre, le texte biblique montre la prolifération de la vengeance. L’effroyable record de Lamek, l’arrière-petit-fils de Caïn, qui se vantait de tuer hommes et enfants pour venger de simples égratignures, montre comment l’homme ne mérite plus le nom d’homme quand il est violent (Génèse 4).
Ainsi, le monde connait, aujourd’hui, non seulement la crise humanitaire mais la crise de l’humanité. Car, selon l’Evangile, l’homme qui n’écrase pas l’autre ou qui n’accepte pas de se venger ne perd pas son honneur. Au contraire, le véritable honneur de l’homme consiste justement à ressembler à Dieu qui est « bon, lui, pour les ingrats et les méchants ».
Prions afin que l’Esprit de Dieu travaille le cœur des hommes pour que les ennemis se parlent à nouveau, les adversaires se tendent la main, et que les peuples cherchent à se rencontrer. Que l’amour l’emporte sur la haine, la vengeance fasse place au pardon, et la discorde se change en amitié.
Avec Saint François, prions : « Seigneur, fais de moi un artisan de paix ; là où il y a la haine, que je mette l’amour ; là où il y a l’offense, que je mette le pardon ; là où il y a le mensonge, que je mette la vérité, etc. »
Comments