Homélie pour le 7E dimanche de Pâques | 1/06/2025 | P. Damien Desquesnes

L’Écriture commence par aune Parole de Dieu : Que la lumière soit ! Une parole qui a été immédiatement obéie : Et la lumière fut (Gn 1,3). La deuxième lecture, quant à elle, nous place à fin de l’Écriture. Nous sommes aux derniers versets de l’Apocalypse. Ceux-ci contiennent un parole. Elle est adressée au Christ ; c’est une demande, une prière : Viens ! (Ap 22,17…) Cette parole est l’effort conjoint de l’Esprit et de l’Épouse — l’Église —, mais aussi de ceux qui lisent ou entendent le livre ; également prière de celui qui en a mis les visions par écrit.

Amen ! Viens, Seigneur Jésus. On pourrait ajouter, simplement pour bien entendre l’intention de cette prière : « Viens et dépêche-toi! » L’Esprit et l’Épouse ont en effet raison de prier ainsi parce que Celui qu’ils appellent a fait la promesse de venir sans tarder (Ap 22,20).

Frères et sœurs, nous sommes au dimanche entre l’Ascension et la Pentecôte, entre l’exaltation du Christ à la droite de Dieu et l’envoi de l’Esprit Saint sur les Apôtres. C’est le temps où les disciples avaient l’habitude de se réunir et de prier dans l’attente du Don de Dieu. Mais le passage de l’Apocalypse que nous avons entendu témoigne qu’une fois l’Esprit reçu, la prière ne cesse pas. Plus encore, elle atteint une dimension presque infinie.

Comme elle est simple cette prière de l’Épouse ! Elle est constituée d’un seul mot, prononcé en un seul souffle : Viens ! Pourtant elle est capable d’inclure et de porter à Dieu toutes nos aspirations…

« Viens, Seigneur, et rends justice aux martyrs qui souffrent pour ton Nom.

Viens en ces derniers temps (1 Jn 2,18), où se multiplient les antichrists, ceux qui déforment la vérité ou la tiennent captive de l’injustice (Rm 1,18).

Viens, Seigneur, et donne raison à ceux qui mettent en Toi leur foi et leur espérance.

Viens encore et délivre-nous des fardeaux de l’existence, de ces peines que porte l’humanité depuis le péché d’Adam et Ève : le travail pesant, la maladie et les infirmités de l’esprit… »

« Viens ! » Un mot unique prononcé dans un souffle unique, mais qui exprime toute la soif et le désir de l’Église.

Je voudrais aller un peu plus loin et mettre en évidence le fait que cette prière est un trait distinctif de l’Église par rapport à toute institution humaine, en particulier par rapport aux États.

L’Église, en effet, prie parce qu’elle attend. Sa prière donne de la ferveur à son attente. Surtout, la prière met en évidence le fait que l’Église attend dans un monde qui n’attend pas. Je veux dire un monde qui n’imagine pas que quelque chose de neuf puisse s’introduire en lui, quelque chose qui le pousse à renouveler sa façon de penser et son jugement sur les situations (Ep 4,23) ; un monde qui, sans en être conscient, peut être prisonnier de sa propre pensée.

Je pense à cette situation où l’on peut voir les conséquence dramatique de cette « captivité » de la pensée : la conviction des peuples selon laquelle la paix et la sécurité ne peuvent être garantie pour toujours que par la destruction totale de leurs ennemis.

« Amen, viens, Seigneur Jésus ! Viens avec ton pouvoir de juger et ton regard attentif et sauveur à l’égard des pauvres. Que la prière de l’Esprit et de l’Épouse hâte le temps de ton Apparition. »