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Le pharisien et le publicain | Père Damien Desquesnes | 30E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE | 27/10/2019

Dernière mise à jour : 1 mars 2020




La parabole d’aujourd’hui dépeint deux figures contrastées. Il y a celle du Pharisien qui se tient debout dans le Temple : un homme pieux, vertueux . En un mot : quelqu’un à qui l’on pourrait confier ses enfants. Il y a aussi le publicain. Lui se tient derrière ; il peut dire comme David dans le psaume : « Ma faute est toujours devant moi. » (Ps 50,5b)

Curieusement, les efforts du Pharisien pour pratiquer la vertu sont stériles ; le publicain, qui patauge dans son péché, lui est facilement rendu juste. Pourquoi ? N’y a-t-il pas une contradiction avec d’autres enseignements du Seigneur comme celui-ci : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! »


Disons tout d’abord qu’il ne faut pas ménager ses efforts pour faire le bien. C’est, pour un chrétien, une question d’honneur ! S’il y a de bonnes valeurs chez les incroyants, pourquoi n’y en aurait-il pas davantage chez ceux qui prétendent être disciples de Jésus ? Faire le bien est chose difficile parce que cela implique un combat. Saint Paul l’exprime ainsi : « Je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. » (Rm 7,19)


Disons ensuite que l’édifice moral du Pharisien ressemble à ces pommes que l’on ramasse à cette saison. L’on est quelque fois surpris d’en trouver une de belle couleur, mais dont l’intérieur est rongé par un ver. Le ver qui grignote la vertu du Pharisien, c’est l’orgueil.


L’orgueil est un péché tout à fait particulier. Alors que tous proviennent de nos mauvais penchants, l’orgueil prend sa source dans nos bonnes actions.

C’est la raison pour laquelle le Pharisien est pris d’un sentiment d’élévation et qu’il méprise les autres. Mais allons plus loin. Il est probable que le Pharisien ne voie pas son orgueil. Il est en effet confortable d’être un monument de vertus. Saint John Henry Newman (1801-1890) disait qu’à quatorze ans, il voulait bien être un homme vertueux, mais pas religieux. Il y avait dans cela quelque chose qu’il n’aimait pas. Il sentait bien qu’être religieux impliquait tôt ou tard de se mettre à genou devant un Autre. Or le jeune adolescent ne voulait avoir, à cette période de sa vie, de compte à rendre à qui que ce soit. Ceci nous permet de voir que dans son orgueil, l’action de grâce du Pharisien est factice. Elle est en réalité un culte rendu non pas à Dieu, mais à lui-même. Quelle perversion que l’orgueil ! Il n’est pas seulement un petit ver qui creuse sa galerie dans un beau fruit, mais ce qui le gâte complètement.


S’il y a quelque chose de juste chez le Pharisien, c’est qu’il n’a pas ménagé ses efforts pour faire le bien. Laissez-moi ajouter encore : ce n’est pas seulement le bien qu’il faut faire, mais c’est à la perfection qu’il faut tendre… sincèrement, de grand coeur, en donnant le meilleur de soi-même. Cela, le Pharisien l’a sans doute entrepris, mais il aurait dû le faire lucidement ! Avec un peu de clairvoyance, il aurait remarqué qu’il n’aurait pas fait dix pas sur ce chemin sans tomber ou au moins manquer de perdre son équilibre.

Une telle chute ne produira pas l’humilité, mais l’humiliation. Celle-ci se changera peu à peu en humilité… à condition que celui qui est tombé se relève avec cette assurance que Dieu l’aime inconditionnellement.


Longtemps l’homme qui tend à la perfection morale - le saint - devra se contenter d’être un pécheur conscient de l’être. Mais qu’il ne désespère pas, ce saint, du constat affligeant de son insuffisance. L’Esprit Saint le garde et ajoute aux vertus qu’il ne voit pas grandir celle de l’humilité.Quant à nous, réfléchissons. Imaginons qu’on mette devant nous une personne orgueilleuse et une personne humble. Laquelle nous semblera plus sympathique, plus compatissante, plus douce ou plus attentive à l’autre ? Laquelle sera le plus sincère témoin de Dieu et de sa bonté ? Si nous pensons que c’est l’humble, alors nous comprendrons aisément que c’est le publicain qui rentre chez lui justifié.

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