Homélie pour la fête de l'Ascension | 29/05/25 | Abbé Eric Mattheeuws
- Xavier Joachim
- il y a 23 heures
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« Le Ciel sur la terre et dans nos vies »

Nous ne sommes pas étonnés, en cette fête de l’Ascension, d’entendre chacune des lectures parler du « ciel ». Mais au fait, qu’est-ce donc que le ciel ? Où se trouve-t-il, à quoi ressemble-t-il ?
Dans la foi du peuple hébreu, le ciel est le nom qu’on donne à la demeure de Dieu. C’est son « chez-lui », son sanctuaire, son espace réservé. En fait cela nous le savions, grâce à la prière que Jésus nous a enseignée : « Notre Père qui es aux cieux ». Au sein de l’univers dans lequel vit Jésus, la séparation entre ciel et terre est radicale. Un seul lieu sur terre est comme un point de contact entre les deux : le Saint des Saints au cœur du Temple de Jérusalem. Voilà la demeure de Dieu sur terre, la seule. Et personne n’y a accès, sauf le grand prêtre, qui une fois par an a le droit de franchir le rideau qui marque la séparation entre cet espace sacré et le reste du Temple et du monde. Il y pénètre au nom de tous les autres humains, à commencer par les Juifs, qui ne peuvent que s’en approcher.
Que fêtons-nous à l’Ascension ? Lisez bien les trois lectures de ce jour : elles nous montrent qu’avec Jésus ressuscité et « monté au ciel », le monde est devenu différent. Car en lieu, cette séparation radicale entre terre et ciel est abolie. Il y a bien encore la terre et le ciel, mais entre eux il n’y a plus de mur infranchissable. L’épître aux Hébreux le dit on ne peut plus clairement : « c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire. (…) Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère. » Jésus lui-même entre dans le « ciel », mais c’est pour en revenir, et aussi pour que nous ayons nous-mêmes par à la Force de Dieu, son Esprit. Bref, où est la terre et où est le Ciel ? Vraiment, par rapport au « monde d’avant », tout est différent. Car nous voici donc admis dans la Présence de Dieu, investis de cette Présence, sans avoir besoin d’autre intermédiaire (« grand prêtre ») que le Christ.
Le climat angoissant qui régnait dans l’Ancienne Alliance a fait place à une vie dans l’amitié de Dieu. Il n’y a plus de rapport culpabilisant à un sacré réservé à une élite ; tous ont accès à Dieu, sont accueillis par Lui et chez Lui. Comme le disait le pape François : « Todos ! » Nous autres, chrétiens, qui sommes nés dans cet univers, n’en mesurons pas l’incroyable nouveauté : pouvoir vivre dans la familiarité de Dieu, sans qu’aucune condition soit mise à cela. Chaque jour pouvoir vivre dans sa compagnie et sous sa bénédiction, qui que nous en soyons et où que nous en soyons.
On peut comprendre pourquoi, selon l’évangile, les Apôtres « retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu. » Frères et Sœurs, profitons pleinement de l’assurance et de l’espérance qui nous sont ainsi offertes. Que nos vies en reçoivent un tonus impossible à accueillir autrement. Qu’elles portent les fruits d’amour qui découleront de ce don immense. Et que nous soyons, comme Jésus le demande, les témoins de cette paix intérieure, de ce réconfort et de cette sécurité, auprès de n’importe qui, « jusqu’aux extrémités de la terre. »
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