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Homélie pour le 4e dimanche du Temps pascal | 21/04/2024 | P. Damien Desquesnes



Les Juifs attendaient de leurs rois qu’ils fussent comme des bergers. Ainsi David représentait-t-il le modèle de ce roi idéal. Il avait été choisi parmi ses frères alors qu’il était à garder les moutons de son père. Et pour défendre Israël de Goliath, il s’y est pris de la même façon qu’il protégeait le troupeau de Jessé contre les fauves. Il s’était avancé seul, avec quelques pierres et sa fronde, contre le géant ; il avait risqué sa vie pour tous ; il avait ainsi desserré l’angoisse du peuple…

Tout ces traits se concentrent en la personne de Jésus. « Je suis le bon Pasteur, dit-il, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis ». Comme David, le Christ s’est avancé seul… Non pas contre Goliath, mais contre la mort ; et il l’a fait librement : « Nul ne peut enlever ma vie, je la donne de moi-même ». Et il a desserré l’angoisse non pas d’Israël, mais de l’humanité mortelle. Car le bon Pasteur a « des brebis qui ne sont pas de cet enclos », c’est-à-dire de la maison d’Israël. Celles-là aussi, il doit les conduire : sur le chemin d’éternité.

Frères et sœurs, comme bon Pasteur, le Christ voit grand : son troupeau, c’est la multitude. Comme bon Pasteur, le Christ voit loin aussi : le but, c’est la vie éternelle, c’est que les hommes connaissent l’amour de Dieu. Et cette vision, c’est aussi celle du gouvernement dans l’Église, comme de toute action pastorale.

Pour réaliser cet objectif, il faut que les pasteurs de l’Église soient pénétrés de cet Esprit qui habitait le vrai Berger. Il faut que le sort des brebis compte vraiment pour eux. Cette ressemblance des pasteurs de l’Église au bon Pasteur est donc quelque chose de fondamental. Il faut qu’on reconnaisse, en entendant leur voix, un écho de la voix du Christ. Il faut qu’ils connaissent les chemins du Seigneur pour guider les autres. Par exemple, en leur permettant de découvrir leur vocation, en les éclairant sur leurs péchés, en les aidant à croire en l’appel de la grâce, en les encourageant à pratiquer la bonté et à prier sans se lasser.


Frères et sœurs, nous sommes bien sûr tous appelés à imiter le Christ et à suivre ses exemples. Mais les pasteurs de l’Église y sont appelés à un titre particulier. Rappelez-vous ce que l’évêque prononce quand il remet à un nouveau prêtre le calice et la patène : « Recevez l’offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu. Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de la Croix du Seigneur ». Ainsi l’eucharistie qu’ils célèbrent doit les conduire à une vie de plus en plus donnée, comme celle de Jésus l’a été.

Vous connaissez encore ces paroles de la messe : « ceci est mon corps » — « ceci est la coupe de mon sang ». Il s’agit bien du corps et du sang du Christ certainement. Ce sont aussi un peu le corps et le sang du pasteur… Ne l’oublions pas.

Dans l’histoire nous trouvons assez facilement de grandes figures de prêtres ou d’évêques qui ont cherché et réalisé cette imitation totale du grand Pasteur des brebis et qui font ainsi l’honneur de l’Église.

Je pense par exemple à un nom que je vous ai souvent cité, celui de saint Ignace d’Antioche (mort en 117, sous le règne de l’empereur Trajan). Il est mort comme martyr à Rome au début du deuxième siècle, dévoré par les fauves. Voilà ce qu’il écrit dans sa lettre aux Romains : « Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par la dent des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ » (Aux Romains IV,1). Il y a, chez saint Ignace, cette idée qu’il accomplira dans sa chair, par son martyre, ce qu’il célébrait dans l’eucharistie au milieu de son Église.

Nous avons à quelques mètres de cette église, la statue de saint Maximilien Kolbe. Vous savez qu’en 1941, dans le camp de concentration d’Auschwitz, il a pris la place d’un jeune père de trois enfants dans le bunker de la mort. Vie donnée pour le salut d’une autre.

Plus près de nous, il y a cette figure très connue dans le monde populaire, celle du Padre Pio. Ce prêtre revivait le mystère de la passion de Jésus à chaque eucharistie. Enfin, il y a à peine quelques années, le père Jacques Hamel mourait pendant la messe de coups de couteau portés par un fanatique. Lui aussi a joint la parole avec sa chair et son sang.

J’évoque tous ces exemples en ce dimanche qui est consacré à la prière pour les vocations sacerdotales. Demandons à Dieu que ces vocations se déploient sous la motion de cet Esprit éternel dans lequel le Christ lui-même s’est offert au Père pour notre salut (He 9,14).

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