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Homélie pour le 5ème dimanche de Carême I p. Damien I 21/03/2020





Le passage de la lettre aux Hébreux que nous avons entendu comme deuxième lecture nous expose les sentiments qui furent ceux du Seigneur dans sa Passion : prière et supplication, cris et larmes… C’est Gethsémani ; c’est l’heure où Jésus confesse que son âme est bouleversée, où il sent le poids de cette demande du Notre Père : « Que ta volonté, Père, soit faite sur la terre comme au ciel. »


On peut penser que de tels sentiments jaillissent d’une cœur en proie à une grande détresse, d’une âme saisie par l’imminence de la mort, c’est-à-dire des sentiments qui s’emparent de nous quand nous sommes devant l’inéluctable. Cependant, pour Jésus, ils se doublent d’une conscience que son sort engage la destinée de la multitude.

Cette prière et cette supplication, ces cris et ces larmes disent toute la difficulté pour le Seigneur de vivre dans l’innocence à l’intérieur d’un monde méchant, la difficulté de dire oui à Dieu dans un monde qui le refuse…


En d’autres termes, les larmes et les cris expriment la persévérance de Jésus dans sa fidélité et son attachement à Dieu. Il a fait cela pour une multitude indifférente et nonchalante, qui n’aime pas changer ses mauvaises habitudes, une multitude satisfaite de son confort et qui oublie qu’elle a un besoin radical d’être sauvée ; enfin, une multitude qui a en horreur la présence d’un innocent en son sein, parce que cette présence l’accuse implicitement de son mal caché.


Il fallait portant que Jésus persévère, sans quoi la multitude eût été enfermée à jamais dans son refus de Dieu. Elle se serait condamnée elle-même à demeurer loin de la Vie. C’est ainsi que, par sa persévérance, le Christ est devenu « principe de salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent. » L’Évangile de Jean exprime la même idée en mettant ces mots dans la bouche de Jésus : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Aucun oui ne peut être dit à Dieu en dehors de ce oui que le Christ prononce.


Frères et sœurs, cette attitude de Jésus est un exemple pour nous ! Il est par excellence celui qu’on peut considérer comme le Persévérant, le Priant, le Suppliant, Celui dont la prière atteint les oreilles de Dieu et touche son cœur : « Il fut exaucé en raison de sa piété. » Et, en raison de son efficacité, la prière de Jésus est cause de notre joie. Voilà une prière qui aboutit !


Je voudrais profiter de l’occasion pour vous adresser un appel solennel à la prière persévérante. Je le dis spécialement dans les temps où nous sommes. Nous savons que la foi ne nous immunise pas contre la maladie ; elle ne nous préserve pas automatiquement de la lassitude et du découragement, mais elle éveille ce réflexe de nous tourner vers Dieu en toute occasion, surtout quand nous sommes dans la détresse.


Que ce soit dans nos maisons ou à l’église, que notre prière se fasse plus insistante, plus fervente ; qu’elle vienne du fond du cœur ! Qu’en priant, nous ayons conscience de le faire en communion avec toute l’Église, unis à nos frères dans la foi. En vous disant cela, j’ai à l’esprit ce qu’écrivait saint Ignace d’Antioche aux Éphésiens : « Si la prière de deux ou trois a une telle force, combien plus celle de l’évêque et de toute son Église. »


Permettez-moi de lancer un deuxième appel. Vous le savez, les jours saints approchent. Il est temps de préparer votre confession. Je vous l’ai dit : les larmes et la supplication de Jésus étaient dues au péché de la multitude. Nous-mêmes, nous ne pourrons pas prier à l’exemple du Christ, si nous ne tournons pas résolument le dos au péché.


À la fin de ce Carême, je voudrais saluer la créativité de tous ceux qui nous ont permis de vivre un temps fructueux en gardant un minimum de vie communautaire. Je pense aux caravanes, aux temps de partage d’Évangile en petits groupes et à la semaine de retraite et de jeûne. Mais ne passons pas à côté de ce que personne ne peut faire à notre place : la prière et la conversion individuelle.

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