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Être un Roi pour combattre et servir | P.Dominique Janthial | SOLENNITE DU CHRIST ROI DE L’UNIVERS

Dernière mise à jour : 8 déc. 2020





En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ-Roi et, d’emblée l’évangile nous fait comprendre que la royauté du Christ est une royauté paradoxale. L’histoire récente de la monarchie, en Belgique ou ailleurs, nous a certes montré qu’être roi n’était par forcément une sinécure mais là nous voyons Jésus pendu entre deux bandits avec pour seul trône le bois de la croix. La soldatesque ricane : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même »… mais est-ce le rôle d’un roi que de se sauver lui-même ? Dans la culture israélite, le roi est un berger comme nous l’avons entendu dans la première lecture où Dieu désigne David en lui disant : « C’est toi qui feras paître Israël mon peuple et c’est toi qui seras le chef d’Israël ». Or Jésus avait dit à ses disciples : « Je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis ». Jésus est roi comme il l’a affirmé devant Pilate car il donne sa vie pour que son peuple ait la vie.


Or cette royauté du Christ, chaque baptisé y participe par son baptême. Lorsque l’onction est conférée au nouveau baptisé, le prêtre lui dit : « Dieu vous marque de l’huile sainte pour que vous demeuriez éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi ». Mais en quoi consiste concrètement cette participation à la royauté du Christ ? Essentiellement elle comporte deux aspects que Jean-Paul II exposait ainsi: « Les baptisés vivent la royauté chrétienne tout d’abord par le combat spirituel qu’ils mènent pour détruire en eux le règne du péché et ensuite par le don d’eux-mêmes pour servir, dans la charité et dans la justice, Jésus Lui-même, présent en tous ses frères, surtout dans les plus petits » (CFL 14).


Le combat et le service sont donc les deux aspects de la royauté chrétienne. Le combat dont il s’agit est – bien évidemment – un combat de l’Esprit. Le chrétien règne lorsqu’avec l’aide de l’Esprit Saint, il parvient à détruire en lui tout ce qui le domine: la course à l’argent ou au plaisir nous fabriquent en effet des chaînes redoutables. La royauté chrétienne bannit tout égoïsme. Un roi ne peut réellement exercer sa charge que s’il est libre de ses propres soucis afin de pouvoir s’occuper des autres. « Tes soucis, dit Saint François, le Seigneur s’en occupe, les autres ils attendent ta joie ». Et nous connaissons tous de ces personnages rayonnants qui n’ont d’autres soucis que ceux des autres. Au fond, le chrétien exerce sa royauté en étant d’abord serviteur de la joie.


Mais il y a encore un autre aspect qui est le service des pauvres et des petits. Cela fait partie intégrante de la fonction royale. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Roi Baudouin en son temps avait refusé de signer le décret libéralisant l’avortement; non d’abord, comme certains l’avait hâtivement affirmé, pour obéir au Pape mais parce qu’en tant que roi il avait devoir d’assistance et de protection à tout les Belges particulièrement les plus faibles – et toute son attitude en témoignait d’ailleurs. Décréter que les enfants n’étaient plus protégés dans le ventre de leur mère était donc en opposition logique avec sa fonction; d’où l’incapacité temporaire de régner qui fut constatée.


Tout chrétien est appelé à se laisser attirer par le plus petit. Il doit s’engager résolument en sa faveur: politiquement, parce que nos démocraties alliées au relativisme risquent toujours de devenir une tyrannie de la majorité sur la minorité, mais aussi socialement, en s’approchant de ceux qui sont pauvres et qui souffrent. D’ailleurs si le chrétien vit cette proximité avec la pauvreté et la souffrance cela l’aiderait grandement pour le premier point: le combat de la joie. La fréquentation du pauvre réserve en effet une surprise de taille à celui qui s’y engage: celle que le Crucifié, rejeté par tous, est aussi le Fils bien-aimé du Père. Cela exige une grande attention. Cette attention est source de résurrection. Il y a un sacrement du pauvre qui peut susciter un renouvellement incroyable, une libération dans nos vies. La peur de la souffrance enferme l’homme: plus il la fuit, plus il en a peur. En revanche, la fréquentation chrétienne de la souffrance libère peu à peu l’homme de la peur et lui donne d’exercer sa liberté royale. De manière symptomatique, cette fréquentation de la souffrance était inscrite de manière institutionnelle dans le programme des rois de France qui régulièrement touchaient les écrouelles des scrofuleux. Et l’on raconte que même Louis XIV – qui n’a par ailleurs pas laissé que des bons souvenirs – se prêtait à cet exercice allant jusqu’à toucher deux mille quatre cents malades en une journée. Le pape François a renouvelé ce geste et de manière tout à fait spontanée.


En ce dimanche, l’Eglise nous exhorte donc à être rois à la suite du Christ Roi. Etre roi c’est entrer dans le combat spirituel pour la vie en étant garant de la joie, être roi c’est savoir se pencher sur le pauvre, sur la brebis malade et rejetée, celle qui en a besoin. Puissions-nous être renouvelé pour le combat et le service en recevant le Roi de l’univers dans cette eucharistie.


Père Dominique Janthial

Dimanche 25 novembre 2019


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