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Sainte Trinité | P. Sébastien Dehorter | 04 06 2023

Nous pouvons recueillir, dans les lectures de ce dimanche un double témoignage, rendu au mystère de la Sainte Trinité : un témoignage par la parole et un témoignage par la vie.

Il y a dans cette requête deux intuitions géniales, comme une sorte de préfiguration de la Trinité.

Commençons par la parole. À peine Moïse a-t-il entendu la révélation du Nom – Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité – qu’il enchaîne : S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous… tu pardonneras nos fautes… tu feras de nous ton héritage. Il y a dans cette requête deux intuitions géniales, comme une sorte de préfiguration de la Trinité.


Tout d’abord, cette double demande : « marche au milieu nous » et « pardonne ». C’est déjà la mystère de Jésus qui est ici annoncé : d’une part l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous », qui marche au milieu nous ; et, d’autre part, Jésus dont le nom signifie « Dieu-sauve », celui qui pardonne. Tel est bien le visage du Fils, la grâce de Dieu que nous chantons à Noël – la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Et si, en venant dans le monde, le Fils n’a pas pu ne pas rencontrer le mystère du mal, il est venu nous offrir le pardon et non pas la condamnation. Il est la lumière de la Vérité à partir duquel tout peut recommencer.


Et puis, cette troisième demande de Moïse qui nous est plus étrangère : tu feras de nous ton héritage. Quelle audace, non ? Que le peuple d’Israël soit « l’héritage de Dieu », c’est-à-dire ce que Dieu aura de plus cher et qu’il voudra voir transmettre de génération en génération ! Et pourtant, ne croyons-nous pas en l’Esprit Saint qui habite en nous comme dans son Temple et qui fait de nous des saints - de la sainteté même de Dieu, des êtres transparents, bons, lumineux ? C’est déjà ce mystère que Moïse entrevoyait en demandant à Dieu de devenir son héritage, son bien le plus précieux enrichi de sa propre sainteté à lui.


En bref, Moïse a entendu la révélation du Nom de Dieu. Déjà, il a perçu que Dieu était amour, que l’amour se donne et pardonne (le mystère du Fils), que l’amour unit et sanctifie (le mystère de l’Esprit). Ce qu’il demandait au Seigneur pour le peuple (« marche avec nous, pardonne, fais de nous ton héritage ») était bien un reflet de ce que Dieu est en lui-même dans le mystère ineffable que nous célébrons aujourd’hui : Père, Fils et Esprit Saint.

Moïse, à sa manière, nous parle de l’Esprit Saint.

Qu’en est-il à présent du témoignage par la vie ? Moïse, à sa manière, nous parle de l’Esprit Saint. En effet, après le passage que nous avons entendu, il est dit que la peau du visage de Moïse rayonnait parce qu’il avait parlé avec Dieu. Et, de fait, cela correspond à une expérience de l’Esprit, comme feu, comme lumière, comme « gloire », au sens du rayonnement de l’être, de la manifestation de l’intimité. La vie de Moïse ne fut pas facile. Mi-hébreu, mi-égyptien, meurtrier au début de sa vie adulte, il dut combattre sur tous les fronts : la dureté de Pharaon, les murmures du peuple, l’aridité du désert, les serpents et les ennemis sur la route. Cela a fait de lui l’homme le plus humble de la terre, un ami de Dieu et un homme proprement spirituel. Son visage rayonnait parce qu’il avait parlé avec Dieu.

Avec saint Paul, nous avons accès au mystère de Jésus, Crucifié-Ressuscité.

Avec saint Paul, nous avons accès au mystère de Jésus, Crucifié-Ressuscité. Dans la Deuxième Lettre aux Corinthiens, on perçoit un homme malmené, critiqué, voire dénigré dans sa manière d’être le pasteur des Églises. En bien des passages, cette lettre est un cri du cœur, un cœur blessé. Et voilà qu’à la toute fin, il adresse les mots que nous avons entendus - comme une goutte d’or jaillie d’un volcan de douleur - ces mots qui, depuis lors, servent de salutation au début de l’Eucharistie : La grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soit avec vous tous. Ce rapprochement, humainement impossible de la douleur et de la bénédiction, est quelque chose de typiquement chrétien. Paul l’a formulé plus haut : c’est lorsque je suis faible que je suis fort. Et aussi : Crucifié en raison de sa faiblesse, Jésus est vivant par la puissance de Dieu. Crucifié, Ressuscité, tel est bien Jésus : Fils obéissant jusqu’à la mort et Fils que le Père a exalté et qui siège à sa droite dans la gloire.

Quant à Nicodème, venu de nuit trouver Jésus, il reçoit le témoignage ineffable de l’amour de Dieu.

Quant à Nicodème, venu de nuit trouver Jésus, il reçoit le témoignage ineffable de l’amour de Dieu. Dieu est ce Père tout aimant, qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils pour que le mondé soit sauvé. Cette révélation de l’amour du Père fut pour lui une véritable libération. Elle lui permis, plus tard, d’apporter une objection de conscience aux adversaires du Christ – nous ne pouvons pas condamner un homme sans l’avoir entendu ; elle lui donna encore le courage de s’occuper du corps de Jésus après sa mort, allant au-devant de la moquerie et de la violence possibles des soldats romains.


Alors, oui, il est grand le mystère de la foi. Qui donc est Dieu - Dieu en lui-même, Dieu pour nous, Dieu qui se reflète dans la vie de ses plus proches amis ? Que cette question ne s’éloigne pas de notre cœur car c’est par elle que nous aurons la vie.

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