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Homélie pour le 24E dimanche A | 17/09/2023 | Abbé Jérémie Kalumire


Depuis la rentrée de cette année pastorale, les homélies reviennent sur « Comment vivre ensemble comme des frères et des Sœurs. »


Le dimanche antérieur, le Père Damien, notre curé, nous invitait à l’accueil de l’autre, à être attentifs à l’autre. Le dimanche dernier, le Chanoine Eric nous a appelé à nous mettre au service de l’autre et de la communauté, à être des guetteurs les uns pour les autres. Ces enseignements rejoignent l’encyclique Fratelli tutti (« Tous frères ») où le Pape François rêve d’un monde sans frontière. Notre nouvel Archevêque, Luc Terlinden, a choisi aussi comme devise épiscopale Fratelli tutti, s’inspirant de l’Évangile où Jésus nous enseigne que nous n’avons qu’un seul maître et que nous sommes tous frères (Mt 23, 8).


En effet, dans le passage d’évangile de ce dimanche, Pierre, qui a déjà compris que l’autre est « mon frère » ou « ma sœur », s’approche de Jésus pour lui demander « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » En parlant du nombre « sept », Pierre fait déjà preuve de grandeur d’âme. Mais la réponse de Jésus va bien plus loin : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois », c’est-à-dire tout le temps.


La réponse de Jésus à Pierre est une nouveauté. Car, le livre de Genèse fait mention de l’esprit de rancune et de violence qui duraient de génération en génération (Gn 4, 23-24). C’est ce que déplore Ben Sira le Sage dans la première lecture (Si 27, 30 – 28, 7) : « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maitre. Par ailleurs, l’enseignement de Moise et des prophètes s’oppose à une peine supérieure à l’acte criminel mais ne prêche pas non plus le pardon. C’est la Loi du Talion : « tu paieras vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brulure pour brulure, blessure pour blessure, meurtrissure pour meurtrissure. » (Ex 21, 23-25 ; Dt 19,21 ; Jg1, 6-7).

Aujourd’hui encore, il y a des offenses que nous jugeons d’impardonnables ! Ou alors on pardonne mais on n’oublie pas ! N’est-ce pas qu’après une blessure physique, on garde une cicatrice ! N’est-ce pas que pour une blessure morale (par exemple : une calomnie, une infidélité grave, le geste de mépris), on peut être marqué pour la vie ? Combien, par manque de pardon, des couples sont séparés, des familles disloquées, des amitiés rompues, etc. ?


Ainsi, frères et sœurs, il reste vrai que le pardon n’est pas une question facile. Jésus, pour expliquer le Pardon, il recourt à une parabole. Et voilà ce qui est originale dans son enseignement : Avant de se considérer comme créancier, le disciple doit d’abord se considérer comme le débiteur redevable d’une dette inimaginable, vis-à-vis de Dieu. C’est donc d’abord une parabole sur la pitié de Dieu. Savons-nous reconnaître tout ce que nous devons à Dieu et que nous ne pourrons jamais rembourser (la vie, notre personnalité, la liberté, notre famille, le monde dans lequel nous vivons… et tous les bienfaits reçus de sa grâce) ?


Le mot « Pardon », étymologiquement, il s’écrit en deux parties « par-don » : c’est-à-dire le don par-delà l’offense. Malheureusement, Trop peu de chrétiens ont conscience d’être des pécheurs pardonnés. Et trop nombreux sont les chrétiens qui confondent les sens du péché et culpabilité et qui ainsi vivent mal leur relation à Dieu. On est coupable devant un juge dont on attend une condamnation. On est pécheur devant Dieu dont on sait que l’on obtiendra toujours le pardon, parce qu’il est tendresse, et que la tendresse ne condamne pas.


Etre capable de pardonner aux autres, c’est reconnaître le pardon que nous avons déjà reçu de Dieu. « Pardon reçu … pardon donné ! »

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