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Saint François, modèle pour l'écologie intégrale - écho

J’attendais avec impatience la conférence du professeur Fabien Revol, "Saint François d'Assise, modèle pour l'écologie intégrale", organisée par la faculté de théologie de l’UCLouvain en collaboration avec la paroisse de Saint-François d’Assise de Louvain-la-Neuve, et mon attente a été comblée. Nous étions une soixantaine de personnes dans l’église, un public varié : professeurs et membres de l’université, paroissiens, y compris les membres du groupe qui réfléchit sur l’écologie, étudiants, avec Monseigneur Hudsyn, évêque auxiliaire du Brabant Wallon.


Le professeur Revol, spécialiste de la théologie de la création à l’université catholique de Lyon, présent par visioconférence à cause de la situation sanitaire, nous a fait parcourir un chemin théologique que j’ai trouvé passionnant, axé sur la figure de Saint François d’Assise. Pourquoi le pape François, dans son encyclique Laudato Si (2015) et partout dans ses textes, met en évidence la figure et l’exemple de saint François ? Il affirme en effet (LS 218) : « Pour proposer une relation saine avec la création comme dimension de la conversion intégrale de la personne, souvenons-nous du modèle de saint François d’Assise ». Et pourquoi avant lui saint Jean Paul II l’avait nommé patron de l’écologie ? Voici les questions de départ de ce parcours, qui a montré comment l’exemple de François d’Assise ouvre la voie d’une « écologie intégrale » pleinement chrétienne. Une belle synthèse des réponses de Revol, en dix points, se trouve ici, sur le site de la paroisse, mais j’aimerais parcourir quelques aspects en particulier.

Si Saint François appelle la terre « sœur notre mère », et considère les créatures non humaines comme frères et sœurs, en recommandant une attitude de respect sacré et de « courtoisie » envers elles, c’est parce que Dieu lui-même s’est uni dans l’incarnation du Christ à toute créature. En suivant le bienheureux franciscain Duns Scot, on peut affirmer que la finalité de toute la création est la communion avec Dieu, la divinisation. Un autre franciscain, saint Bonaventure, rappelle aussi que toute créature provient d’une Source unique, Dieu, ce qui fonde leur dignité et la fraternité universelle, cosmique, qui pousse au respect et au soin. L’univers est un langage qui nous parle de Dieu Trinité, nous rappelait Revol ; c’est l’ensemble de l’univers dans sa diversité, et du vivant dans sa biodiversité, qui rend gloire à Dieu, et donc la destruction de cette biodiversité devient clairement un « péché écologique ».

De cette façon, les mystères centraux du christianisme (la création, l’incarnation, la Trinité…) incluent le cosmos, les créatures frères et sœurs de l’humain. Toute la création participe à la louange de Dieu, comme le rappellent les psaumes et le Cantique des créatures de saint François : l’humain donne sa voix au langage muet du cosmos. L’annonce de la bonne nouvelle du Christ ressuscité d’ailleurs, selon l’évangile de Marc, s’adresse à toutes les créatures, et pas seulement aux humains. Et la pauvreté franciscaine, reflet de l’abaissement du Christ, devient aussi un chemin pour nous aujourd’hui : un respect sacré et joyeux pour l’œuvre de Dieu, qui s’oppose frontalement à toute forme de réduction du cosmos à un simple objet de domination et de consommation. Une forme de chasteté donc, qui renonce à posséder de façon destructrice pour entrer plutôt en relation fraternelle, et qui s’annonce comme la véritable réponse à la crise écologique.

Un parcours magnifique, qui nous appelle à revenir à l’évangile de la création pour être des bons gardiens de la « maison commune », et pas des prédateurs qui exploitent ; un changement qui doit se fonder sur une conversion du regard, sur la capacité à voir le monde crée avec les yeux de Jésus, comme nous le montre François d’Assise. Un chemin pour tout chrétien, et aussi pour la théologie catholique, appelée à approfondir la réflexion sur ces thèmes. Pour continuer la réflexion, je signale les livres de Fabien Revol, comme le dernier, intitulé L'écologie intégrale : une question de conversions (EdB, 2020). Bonne conversion !

Andrea Catellani, paroissien

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