Dimanche dernier, nous avons vu que la foi de la Cananéenne lui avait valu la guérison de sa petite fille. Il y a plusieurs exemples de cette foi simple, droite et audacieuse qui a toujours étonné Jésus et suscité son admiration. Pensons au centurion de Capharnaüm, à la femme victime de pertes de sang, à l’aveugle de Jéricho, pour ne citer qu’eux. Cette foi était la porte ouverte à la force de guérison qui jaillissait du Seigneur.
Nous croyons également de ce même élan de foi : « vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts », dit Paul dans sa lettre aux Colossiens (Col 2,12). Croire, c’est orienter sa vie dans la perspective de la résurrection.
Nous avons là, frères, le noyau de la foi chrétienne : Jésus de Nazareth est le Messie, c’est-à-dire le Christ ; il est le Fils du Dieu vivant. Jésus est né de Dieu ; il est né du Père avant tous les siècles, dira Nicée.
Nous avions vu dimanche dernier que la foi de la Cananéenne n’était pas faite de mots creux ; elle était portée par l’élan d’une grande humilité. C’est encore le cas pour Pierre, mais pour d’autres raisons : ces mots lui ont été inspirés par le Ciel. C’est par une lumière d’en haut que Pierre a pu aller au fond des choses et découvrir l’identité profonde de Jésus de Nazareth. Tout cela est bien. Et même, il est bon de se réjouir qu’une telle grâce et une telle lumière ait été donnée.
Mais nous n’imaginons pas quel défi cela représente pour Pierre…
Laissez-moi lui murmurer : « Pierre, ce que tu as dit à Césarée de Philippe, tu dois maintenant le dire toujours. Au premier instant, au moment où tu as fait ta profession de foi, tu as été parfait. Désormais tu n’as plus le droit d’hésiter, de demander un autre délai de réflexion, de pouvoir reconsidérer les choses à frais nouveaux. Que ton esprit ne soit embrumé par le doute ou l’incertitude. Que ton coeur ne perde cette simplicité, cette droiture par lesquelles les mots de ta foi et les actes de ta vie ne font qu’un. Souviens-toi, Pierre, que pour l’amour des disciples, tu ne peux défaillir. Ils ne voient plus physiquement le Maître qui enseigne aux foules sur les bords de la mer de Galilée. C’est vers toi qu’ils regardent quand ils chercheront un appui. Reviens à ces mots qui ont été posés dans ton intelligence. Garde-les comme un trésor. Et parviens à en saisir de plus en plus le sens ! »
Je vous dis cela, frères, parce que beaucoup parmi ont appris la foi avec des mots, mais sans peut-être l’illumination d’en haut. Ces mots, soyez-en sûrs, sont parfaits. Ce sont ceux de nos crédos. Nous n’arriverons à rien si nous les relativisons, si nous en prenons d’autres qui nous sembleraient à première vue plus satisfaisants. Mais, comme Pierre, nous avons un défi semblable à relever. Nous avons à faire le pont entre les mots et la réalité dont ils sont porteurs, à faire l’effort d’aller au fond des choses, guidés par l’énergie de notre conscience qui ne veut rien de moins que le vrai.
Une telle démarche n’aboutira sans doute pas à un miracle, à un bienfait dont nous pourrions jouir. Elle aboutira à proclamer toujours avec plus de conviction qui est Jésus. Puissions-nous être toujours fidèles à ces mots de la foi pour que nos coeurs ne soient jamais indifférents à ce que Jésus est pour les hommes. C’est ainsi que nous lui rendrons la gloire qui lui revient.
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