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4E DIMANCHE DE PÂQUES | P. Damien Desquesnes | 03/05/2020




« Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »

Entendue dans le contexte du temps pascal, cette phrase nous apprend quelque chose de plus sur la résurrection. Certes, nous savons que le Christ est vivant ; mais, à présent, nous pouvons dire qu’il ne ressuscite pas pour lui tout seul. Il ressuscite pour tous les hommes, pour que, dans sa résurrection, ceux-ci aient part à sa vie, pour qu’ils soient entraînés avec lui dans les hauteurs des cieux. Voilà ce qu’il faut entendre par « vie en abondance » : une vie en plénitude, la vie céleste.

Permettez-moi d’insister : cette vie, nous l’avons ; elle est notre lot ; elle est ce qu’il y a de plus vrai en nous. L’abondance de vie du Ressuscité palpite au cœur de l’homme simplement du fait de son baptême. Saint Paul rappelle avec netteté cette originalité : au regard de tous, le baptisé semble être un fils d’homme ; mais, en vérité, il « forme un même être avec le Christ » ; il est greffé en lui ; il a part à son Esprit vivifiant. Quand nous nous disons être de ses disciples, nous l’entendons comme si nous avions choisi d’adhérer à lui, Jésus. C’est en partie vrai, mais être disciple, dépasse le fait d’être membre de son club, d’être un affilié, pour parler vulgairement. En réalité, nous sommes siens ; nous lui appartenons dans notre vie comme dans notre mort. Pour le dire encore autrement : dans sa résurrection, le Christ a acquis un pouvoir sur toute chair mortelle. Il a subi le pouvoir de la mort dans sa chair en agonisant sur la croix ; mais, en ressuscitant, il remodèle notre chair à partir de son propre être. Il saisit tout homme dans sa main vivifiante et il ne perdra aucun de ceux qu’il tient dans le creux de cette main.

À tenir ce langage - à savoir que nous appartenons au Seigneur dans notre vie comme dans notre mort - il est naturel que naisse cette objection : « Si j’appartiens à quelqu’un d’autre, qu’en est-il de ma liberté, de ma marge de manœuvre ? On dit que je suis greffé, mais n’est-ce pas plutôt enchaîné qu’il faudrait dire ? »

Oui ! Nous appartenons au Seigneur. Si c’est vrai, que peut-il nous arriver de vraiment grave ? Nous contemplons, dans l’évangile de ce jour, les brebis qui passent par la porte, qui suivent le berger, ayant la simplicité de se laisser conduire. Nous connaissons bien sûr l’histoire de celle qui s’est égarée… Elle est avec les autres maintenant ! Elle ne s’éloignera plus ; elle a compris le drame de ne plus entendre la voix familière du berger. Elle a réalisé ce qui s’était passé quand elle s’était éloignée. Effectivement, elle a goûté un sentiment de liberté et elle s’est émerveillée de l’avoir découvert. Puis, ce furent le silence, la solitude, l’absence. L’angoisse est née en elle quand, après quelques tentatives, elle a réalisé qu’elle ne retrouvait plus son chemin. Alors, à la nuit tombée, elle a sursauté au hululement de la chouette, au grognement du loup et à la branche qui craque sous le pied du mercenaire. Être perdue, mourir seul, est-ce là le prix à payer pour un bref sentiment de liberté ?

Frères, considérons ce que le Pasteur - le Christ - a réalisé pour nous, en nous donnant de passer par la porte qu’il est lui-même ! Il a voulu que par lui, nous ayons un libre accès auprès du Père en un seul Esprit. C’est vital pour nous ; c’est notre salut ; et c’est un don précieux pour Lui ! S’il nous a donné ce privilège et ce droit ; si nous avons cette assurance d’être dans sa main, c’est parce qu’il nous aime.


Retenons cela : le berger aime ses brebis. Et nous saisirons qu’une liberté déconnectée de l’amour - je veux dire une liberté qui prétend seulement pouvoir faire ce qu’elle veut en ne tenons compte ni de rien ni de personne - est une bien sotte liberté : une liberté qui n’a pas de sens et qui, par conséquent, ne sait pas où aller.

Je vous laisse, frères et sœurs, avec ce paradoxe - qui est celui du salut dans le Christ - : nous ne serons jamais aussi libres qu’en nous liant au Ressuscité, qu’en se laissant conduire à l’aide de sa parole. De cela, je vous en parlerai une autre fois…

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