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Homélie pour le 18ème dimanche du Temps Ordinaire | 31/07/2022 | P.Damien Desquesnes.

Dernière mise à jour : 8 août 2022


Nous avons sans doute entendu, au début de la première lecture, le verset le plus célèbre de tout l'Ancien Testament : « vanité des vanités, tout est vanité ! » Quelle parole abrupte ! Quelle parole énorme, certainement excessive… à ne pas prendre au pied de la lettre. Nous pourrions penser alors que même notre rassemblement de ce matin est vanité. Pour en comprendre le sens, il est important de la situer dans son contexte. Le livre de Qohélet, qu'elle inaugure, est une méditation sur le règne du roi Salomon. Vous le savez, Salomon succède à David.


Celui-ci a encouru mille dangers durant son règne et parvint au prix d’une audace extraordinaire à pousser les frontières de son royaume à leur plus grande extension. Salomon hérite ainsi d'un royaume prospère. Lors de son intronisation, il a l'intelligence de demander à Dieu non pas d'être riche mais d'être un homme sage. Cette prière plut à Dieu, qui lui donna et la sagesse et la richesse.


En plus de tout cela, Salomon eut une renommée extraordinaire : la reine de Saba vint du bout du monde lui poser ses énigmes et Salomon les résolut toutes. C'est lui qui construisit le premier temple, à partir des matériaux que David avait déjà préparés. Pour se faire une idée du luxe dans lequel vivait Salomon, il faut savoir, et je suis sûr que vous n'oublierez pas ce détail, qu'il avait un harem de 700 femmes et de 300 concubines. On comprend donc que le succès lui soit un peu monté à la tête… Mais la véritable catastrophe se produisit quand le royaume revint à son successeur Roboam. Ce dernier n'avait pas l'étoffe de son père. Le royaume se déchira. Ce fut la déconfiture.


Tous les efforts accomplis par David et Salomon furent réduits à rien en peu de temps… C'est ainsi qu'il faut comprendre cette phrase : « vanité des vanités, tout est vanité. » Nous pouvons néanmoins étendre cette réflexion, un peu pessimiste, à l'ensemble des richesses accumulées trop rapidement ou trop facilement. Des richesses dont on ne connaît pas le prix, que l'on gaspille, qui suscitent l'envie, qui attirent des amis intéressés… Une abondance de biens qui fait perdre le sens de la limite et qui fait oublier que nous sommes mortels. Il paraît d'ailleurs que l'angoisse de la mort décuple chez les grands gagnants du loto. Ils ont peur que la vie ne leur laisse pas assez de temps pour jouir de leur gain. C'est ce que Jésus rappelle à l'homme dont les domaines ont bien rapporté : « cette nuit, on te redemande ta vie ».


Frères et sœurs, l'Évangile ne nous parle pas directement de la façon dont nous avons à gérer nos biens matériels. Il ne dit aucun mot sur le montant maximal que nous pouvons avoir sur nos comptes en banque. Il nous parle plutôt de l'enjeu de chacune de nos existences. Il nous rappelle que nous sommes mortels, mais promis à la résurrection ; il nous rappelle encore que nous avons une âme à qui il faut donner de la consistance en vue de la vie éternelle et que cette âme doit passer l’épreuve du jugement. Ces vérités suffisent cependant à nous aider à fonder une juste échelle de valeur, à adopter la meilleure façon de nous engager dans les affaires de ce monde. Une illustration : on a souvent reproché aux hommes de foi que la promesse du paradis les décourageait d’améliorer leurs conditions de vie. Comme si on leur disait : « Vous accomplissez un travail pénible pour un salaire de misère. Ne faites rien. Ne vous battez pas pour plus de justice. Vous irez au ciel. Tout ira mieux plus tard. » En fait, c'est le contraire qui est vrai ! L'homme qui sait sa vie bornée par le néant, comment voudra-t-il vivre ? Il cherchera simplement à jouir avant de disparaître. C’est en effet sa seule consolation. Il n'aura pas l'énergie de faire les renoncements et les sacrifices pour améliorer son sort. Il s’accrochera à son confort au point d'être à la fois insensible au sort du pauvre ou de faire l'enfant s'il est frustré de son aisance.


L'homme occidental, en s'éloignant de la foi, ne pense plus à la résurrection. Il ne sait plus très bien comment envisager un avenir, qu'il s'agisse de son avenir éternel comme de son avenir icibas. La science lui clame chaque jour que cet avenir ici-bas est bouché : tu finiras cuit. Et le manque d'espérance clame au cœur de l'homme moderne : « N'essaye même pas de faire quelque chose pour éviter cette catastrophe ; d'ailleurs il est peut-être trop tard… » Frères et sœurs, comment dans ce contexte parler de héritage ou de transmission ? À quoi bon, puisque tout est vanité finalement. Je vous ai dit au début de ce petit mot, que cette parole de Qohélet « vanité des vanités, tout tout est vanité ». Est excessive. C'est le cri d'un homme déçu, plein d'amertume devant un grand gâchis.


Mais il y a une autre parole, bien plus puissante, qui condamne le pessimisme qui s’introduit dans notre monde à la façon d'un poison : cette parole c'est le message de la résurrection ! Saint Paul le dit dans sa première lettre aux corinthiens : « si le Christ n'est pas ressuscité, vaine et notre foi ». Mais non, ajoute-t-il, le Christ est ressuscité. On ne parlera jamais assez de la résurrection. Avançons en ce monde, riches de ce trésor. Il clame que nous avons tous un avenir en tant qu'individu et en tant qu'humanité. Qu’aujourd'hui, ce message soit annoncé. Qu'il brille maintenant, comme il a brillé autrefois pour ces peuples et ces empires qui avaient le sentiment d'avoir atteint leur crépuscule. C'est dans ce message qu'il se sont renouvelés.


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