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Homélie du 3ème dimanche du Carême | p.Damien 7/03/21

Dernière mise à jour : 10 mars 2021




Comme il devait être impressionnant le Temple de Jérusalem ! On se souvient de l’admiration des apôtres devant l’ajustement de ses pierres et la beauté de ses ornements. C’était le lieu où l’on pouvait approcher Dieu, car il était rempli de sa Présence. C’était le centre de la religion d’Israël. On comprend que beaucoup de Juifs s’y rendaient en pèlerinage, usage auquel Jésus et sa famille n’ont pas manqué d’honorer. Tout petit, il y fut consacré ; on le trouve, plus tard, à douze ans parmi les docteurs de la Loi.


Pour approcher Dieu, on savait qu’il ne fallait pas venir les mains vides. Il s’agissait de faire une part dans ses biens pour l’offrir à Dieu. Le don parfait était l’holocauste : un animal était alors consumé complètement. De là vient la présence dans l’esplanade du Temple de marchands d’animaux et de changeurs, car pour se procurer une bête à sacrifier, il fallait utiliser une monnaie propre au Temple.


C’est dans ce milieu que Jésus sème la pagaille. Nous pensons peut-être qu’il lutte contre la corruption du culte en donnant un bon coup de balai. À vrai dire, le geste de Jésus empêche toute possibilité de poser un acte sacrificiel. Le culte ne peut plus s’exercer. Jésus sous-entend que le Temple est en sursis. Il déclare qu’on peut le détruire. À ses yeux, il ne servira bientôt plus à rien.


Il s’agit de réaliser que l’expulsion des marchands est une critique radicale du Temple et de la forme de son culte. En outre, Jésus vient d’offrir l’argument qu’on invoquera pour le condamner : « Cet homme a dit : je puis détruire le sanctuaire de Dieu et en trois jours le rebâtir. » (Mt 26,61)


Cependant, il n’entre pas dans les intentions de Jésus de supprimer toute relation à Dieu. Au contraire ! Il s’agit pour lui d’en fonder une meilleure : une relation plus immédiate, plus directe, plus efficace. Qu’on pense à ce qu’il dira à la Samaritaine : « L’heure vient où ce n’est plus sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… L’heure vient – et c’est maintenant – où les véritables adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : tels sont les adorateurs que cherche le Père. » (Jn 4,21.23)


Or pour approcher Dieu d’une façon meilleure, il faut un temple d’une autre facture qu’un édifice de pierre. « Détruisez ce sanctuaire ; en trois jours je le relèverai. »

Trois jours… C’est le temps mis pour que le corps du Crucifié se relève du séjour des morts. Trois jours, c’est donc le temps pour l’édification du temple nouveau ! Saint Paul ne dit pas autre chose dans sa lettre aux Colossiens : « Dans le Christ, habite corporellement la plénitude de la divinité. » (Col 2,9) Le corps du Ressuscité, voilà le nouveau Temple. Contrairement à celui qui s’élève à Jérusalem, il ne pourra jamais être détruit puisque « ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus. » (Rm 6,9)


Frères, l’Évangile de dimanche dernier s’était achevé sur la perplexité de Pierre, Jacques et Jean. Rappelez-vous, ils se demandaient entre eux ce que voulait dire « ressusciter d’entre les morts ». Aujourd’hui, nous avons fait un pas de plus dans l’intelligence de ce mystère. La résurrection nous est révélée comme la construction d’un Temple, qui n’est pas fait de main d’homme, mais qui est l’œuvre de Dieu. Voilà aussi pourquoi nous sommes sûrs de pouvoir l’approcher efficacement. Et la merveille, c’est que son accès ne sera plus réservé à une élite sacerdotale, mais ouvert à tous : « En lui, nous avons libre accès auprès du Père en un seul Esprit. » (Ep 2,18)


C’est là la grande révolution qu’apporte la résurrection à l’histoire religieuse de l’humanité. Grâce à elle, Dieu n’est plus l’objet d’une recherche tâtonnante ; la voie du sanctuaire – le ciel même – nous est ouverte. Mieux : nous y sommes entraînés, aspirés, élevés en même temps que relevés. Et dans cette nouvelle approche de Dieu, nous n’avons rien à apporter ou à offrir sinon nous-mêmes.

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