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Homélie du 4E dimanche de carême - Année A | 19/03/2023 | P.Damien Desquesnes.



Dans le long passage que nous venons d’entendre, il y a à la fois du « compliqué » et, d’autre part, de la simplicité et de la droiture. Retenons, si vous voulez bien, ce qui est simple. Je veux dire le chemin de l’aveugle. Il obéit à la parole de Jésus : il va à la piscine de Siloé pour s’y laver ; il voit ; enfin, en rencontrant Jésus, il croit en lui… Ce passage veut aider les catéchumènes à s’approcher de leur baptême. En effet, la piscine de Siloé, c’est la piscine de l’Envoyé — le Christ — c’est une claire allusion du baptême. Cela nous rappelle que le baptême est une illumination (He 6,4) ; et cette illumination vient du Christ, la Lumière du monde (Jn 8,11), lumière qui est la vie des hommes. À ce propos, je voudrais rappeler trois points qu’il nous est bon de garder à l’esprit, que nous soyons catéchumènes ou baptisés depuis longtemps.


A. La lumière s’oppose de façon radicale aux ténèbres. Il n’y a pas cent nuances de gris dans l’Évangile. Le Christ est en effet venu briller dans un monde qui gît tout entier sous le pouvoir du Mauvais (1 Jn 5,9b). Et Jésus aura d’ailleurs à combattre sa jalousie : le Mauvais ne lui cédera pas facilement l’emprise qu’il a sur nous. Jésus devra jeter dehors le Prince de ce monde. Il devra défaire les liens par lesquels nous sommes maintenus dans la crainte : la convoitise et la mort (He 2,14).


B. Le Christ — et le Christ seul — peut nous défaire de ces liens, c’est-à-dire aucun autre puissance, pas même notre bonne volonté. Lui seul est Lumière. Cette exclusivité du Christ en matière de salut sonne peut être mal aujourd’hui, mais elle est présente dans la prédication des apôtres : « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes — que le nom de Jésus —, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4,12).


C. C’est par le baptême que le Christ nous arrache aux ténèbres — à l’empire du Mauvais — mais pas pour que nous disposions de nous-mêmes au gré de nos caprices. Le Christ nous arrache aux ténèbres pour marcher dans la Lumière — ou en Lui (Col 2,6). Ainsi le chrétien ressemble-t-il à cet artiste qui apparaît dans un cône de lumière sur une scène plongée dans l’obscurité ; c’est à l’intérieur de ce cône qu’il évoluera et produira son numéro.


Marcher dans la lumière signifie marcher dans la voie du commandement que le Christ nous a laissé. Bien sûr, il s’agit de s’interdire les grandes offenses comme l’idolâtrie, la magie, le meurtre, l’adultère, le vol, le mensonge… Mais il s’agit aussi de s’attaquer à l’attrait pour la vanité, aux multiples réflexes égoïstes qui freinent l’élan de l’amour et du don de soi. Enfin, c’est résister à ce mirage de l’extase dans la matière.


Je voudrais terminer par une précision à propos du fait de marcher dans la voie des commandements. Rappelons-nous que l’aveugle est passé des ténèbres à la lumière en obéissant à la parole du Christ. Cette obéissance est le commencement de la foi.


Frères et sœurs, c’est armés de cette foi qu’il nous faut marcher dans la voie du commandement du Seigneur. Sans la foi, nous mesurons notre progression sur ce chemin d’après les succès moraux engrangés — à peu près comme un sportif évalue la qualité de son entrainement en fonction des temps qu’il réalise — et, en fait, nous n’allons pas très loin. Ainsi le découragement l’emportera sur nos meilleures intentions. Mais en voyant les choses dans la lumière du Christ, c’est-à-dire dans la perspective de la foi, la marche dans la lumière se développe et dans la puissance du repentir et dans la grâce du relèvement que le Christ nous accorde sans cesse, lui qui est l’Artisan de nos vertus.





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