Homélie pour la fête de la dédicace | 9/11/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- 9 nov.
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Aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la dédicace de la Basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome. Elle a été consacrée le 9 novembre 324, soit onze ans après l’édit de Milan et un an avant le Concile de Nicée. Il s’agit d’une des premières églises construite à Rome. C’est pour cela qu’elle est la cathédrale du pape — l’évêque de Rome — et par conséquent la mère de toutes les églises d’Occident.
Tâchons de nous mettre dans la peau des chrétiens de cette époque. Cet événement fut une révolution pour eux ! Enfin, ils purent disposer d’édifices dédiés exclusivement à la célébration du mystère du Christ. D’emblée, ils les ont voulus magnifiques, plus beaux que leurs propres maisons. Auparavant, ils se rassemblaient chez des particuliers : un membre de la communauté qui avait une vaste maison la mettait à disposition pour l’eucharistie. En ce temps-là, le dimanche n’était pas chômé. Aussi se réunissaient-ils avant le lever du soleil, souvent après avoir jeûné ; ensuite, ils allaient travailler.
Quel courage et quelle fidélité ! Ils ne pouvaient pas croire sans être attachés à cette messe célébrée avant l’aurore.
Depuis de nombreux siècles — 1700 ans — nous avons des églises ; et nous pouvons sanctifier dignement le dimanche. Nous trouvons cela tellement normal que nous ne nous apercevons plus de notre privilège. C’est là sans doute un phénomène typiquement humain : dans la difficulté, on s’accroche volontiers à la foi, mais, quand l’épreuve de la persécution prend fin, la pratique de la foi risque de se relâcher. On peut comprendre qu’il en soit ainsi parce que c’est ce qu’on a vu maintes fois dans l’histoire. Mais qu’en auraient pensé les chrétiens des premiers siècles ?
Quoi qu’il en soit, frères et sœurs, aujourd’hui comme autrefois, la foi et sa pratique sont l’objet d’une décision. On ne naît pas chrétien, on le devient, disait Tertullien au troisième siècle. Or une décision résolue a besoin de s’appuyer sur quelque chose de vrai et de stable. Cette vérité, nous la trouvons dans la prophétie que l’Évangile de ce jour applique à Jésus : « le zèle de ta maison me dévorera » — « l’amour de ta maison fera mon tourment » (trad. liturgique).

Le Christ, en purifiant le Temple, voulait manifester sa préoccupation d’en faire un lieu où les hommes et les femmes puissent avoir accès à Dieu en un seul Esprit (Ephésiens 2,18). La dédicace ou consécration d’une église imprègne celle-ci de ce zèle. Elle nous assure que ce n’est jamais en vain que nous faisons monter notre prière en ce lieu et qu’il est tout à fait indiqué d’y célébrer la gloire et le salut de Dieu dans les sacrements.
Il y a à Louvain-la-Neuve, en plus de nos maisons, des bâtiments de tout type : les uns sont là pour y travailler, d’autres pour s’y divertir ; certains sont dédiés à la recherche, les autres à l’enseignement. Il y des bars, des restaurants et des cercles pour jouir de la vie ; des salles de sport pour y souffrir ; des magasins pour vendre et acheter…
Mais il y a aussi ce lieu qui ne sert à rien… Je veux dire à rien d’autre qu’à avoir accès à Dieu parce qu’il y habite. Et quelques signes nous rappellent cette présence de Dieu : les croix de consécration, la lampe du sanctuaire, etc…
Je voudrais terminer par cette réflexion. La pape François insistait beaucoup pour aller vers les périphéries. C’est une bonne chose. Mais l’expérience m’a montré que les périphéries sont quelquefois attirées par ce centre, c’est-à-dire par ce qui se vit cette église. Je profite de cette fête pour remercier tous ceux et toutes celles qui veillent à ce lieu, à son entretien, à sa beauté. S’occuper de ce bâtiment est une marque très concrète, mais très certaine, du souci du rayonnement de la foi. Que le zèle de ces personnes pour cette maison — cette église — soit aussi un zèle qui les réjouisse.


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