Homélie pour le 33E dimanche du TO | 16/11/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- il y a 7 jours
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S’il y a une notion dont la prédication a fait l’économie ces dernières années, c’est entre autre celle du salut… Pourquoi ? Peut-être en raison du sentiment qu’en gros, tout va bien, que la plupart des maux ont un remède. Le fait de mettre dans l’ombre le salut pose en fait problème. Quand, par exemple, on rencontre une situation difficile, voire une impasse, on oublie qu’un salut est possible, est à espérer, est à demander… et alors, livré à soi-même, on sombre dans le désespoir.
On voit clairement qu’être sauvé est un enjeu capital. Nous appartenons en effet à un monde à ce point destructeur qu’il peut se détruire lui-même. Sans le salut de Dieu, nous serions broyés, perdus. Nous n’avons en effet pas la puissance de surmonter cette tendance destructrice.
L’Évangile d’aujourd’hui ôte toute illusion au sujet du caractère destructeur du monde. Jésus évoque des fléaux naturels comme les tremblements de terre, les famines et les épidémies. Certes, personne n’en est responsable, mais nous sentons très bien qu’ils ne devraient pas exister. Il y a d’autres maux, ceux pour lesquels l’humanité a sa part de responsabilité — et de ce fait, ils sont plus graves — « on se dressera nation contre nation, royaume contre royaume ». Nous percevons instinctivement qu’il ne devrait pas en être ainsi : les hommes n’ont pas vocation à se déchirer. Mais le comble — le plus révélateur de cette inclination destructrice du monde — c’est la volonté de pervertir la vérité de Dieu et de persécuter les justes, c’est-à-dire ceux qui ont mis leur foi dans le Crucifié.
Ces signes du caractère destructeur du monde, nous sommes tentés de les voir autour de nous. Et cette tentation n’est pas déraisonnable. Mais ouvrir les yeux sur les tragédies d’aujourd’hui et sur celles qui nous attendent n’est pas sans distiller une certaine angoisse dans les esprits de nos contemporains.
On a bien sûr le droit d’être anxieux, mais l’angoisse et la peur ne doivent pas nous conseiller. C’est plutôt le rôle de l’Évangile. Il est, comme le dit saint Paul, une force de Dieu pour le salut de tout homme devenu croyant (voir Rm 1,16). Rappelons que la proclamation de l’Évangile du salut par l’Église primitive explique en bonne partie son succès dans l’Antiquité. Cette proclamation donne en effet à l’existence humaine de l’ordre, de la raison. En un mot, une paix qui s’oppose à toute espèce d’angoisse.
Retenons simplement deux conditions pour être sauvé…
La première, il faut que Dieu le veuille. Et l’Évangile de ce dimanche nous l’assure : « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Dieu veut en effet nous sauver tout entier : et du péché et de tout ce qu’on fait pour nuire à notre foi. Dieu sait en outre — et plus clairement que nous — la nécessité pour l’homme de recevoir son salut. Il ne faut pas douter non plus que cette volonté — puisqu’elle est divine — finira par triompher de tout obstacle : « rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1,37).
La deuxième condition pour être sauvé, c’est que nous le voulions. C’est pour cela que Jésus avertit : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ». Il s’agit donc de tenir bon dans la foi, envers et contre tout, qu’il pleuve ou qu’il vente : même si nous subissions des critiques injustes, même si nous devions perdre beaucoup, même si le péché semble mettre en échec notre bonne volonté.


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