Homélie pour la fête de la Toussaint | 1/11/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- 1 nov.
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Aujourd’hui, le pape Léon XIV déclare saint John Henry Newman, docteur de l’Église. Il y a plusieurs raisons à cela : la sûreté de sa doctrine ; son talent à expliquer la foi et à en montrer les implications ; enfin, sa connaissance de l’homme et son habileté à identifier les obstacles à la foi en même temps que ses portes d’entrée.
Quelques mots ce matin à son sujet…
Newman est né 1801 ; sa famille appartenait à l’Église d’Angleterre. Celle-ci est un patchwork de composantes toutes issues de la Réforme protestante du XVIe siècle. La reine Élizabeth Ière leur imposa un compromis : les XXXIX Articles pour tout ce qui concerne la foi ; et le Book of common Prayer pour tout ce qui concerne la liturgie et les prières de l’Église.
Vers 30 ans, Newman — avec quelques collègues de l’université d’Oxford — entreprirent de réveiller leur Église pour lui donner davantage d’indépendance à l’égard de l’État. Suite à ses travaux, à ses lectures et à son cheminement personnel, Newman finira par quitter l’Église d’Angleterre pour devenir catholique. C’était en 1845, soit au milieu de sa vie.
On pourrait sourire en se disant qu’en voulant réformer la Réforme, Newman est revenu à la Tradition de l’Église de Rome. Pas de raccourci ! Oui, il est revenu, mais enrichi d’un élément que le Protestantisme avait accentué : la place de la conscience personnelle. C’est en écoutant sa conscience que Newman s’est approprié la Tradition qui vient des Apôtres. Ce faisant, Newman aidera l’Église catholique à s’adresser au monde moderne. C’est en ce sens que les intuitions de Newman sont à la base du Concile Vatican II.
En rapport avec la fête de ce jour, je voudrais developper un élément que Newman a mis en avant pour réveiller l’Église d’Angleterre. Celle-ci appartenait à ce qu’on appelle l’Establishment. Elle faisait partie du corps social ; elle était un des rouages de l’État : certains de ses évêques, par exemple, siégeaient à la Chambre des Lords. On attendait d’elle de faire des Anglais des gens bien éduqués et aux mœurs policées.
Newman a voulu rappeler que l’Église a un autre but, infiniment plus élevé. Elle cherche également la sanctification des hommes. Notamment par la célébration des sacrements, par l’appel à la conversion intérieure, etc… Pour le dire autrement, l’Église doit faire aussi des sujets de sa Très Gracieuse Majesté des citoyens du ciel.
Newman voyait la sanctification des hommes comme un thème qui traverse toute l’Écriture. Elle sera également l’objet du premier sermon qu’il publiera. Le nouveau docteur, en effet, ne concevait pas de renouveau pour son Église sans la conversion intérieure de ses membres, ni sans la sanctification personnelle. Le pape Benoît XVI l’a souvent rappelé. L’Église est avant tout une communauté dont les membres se savent d’abord unis dans une même foi et dans un mouvement de perpétuelle conversion. C’est d’ailleurs ce que les catéchumènes attendent de nous quand ils frappent à notre porte.
En cette fête de la Toussaint, je voudrais vous inviter à prendre au sérieux cet appel à la sainteté. Newman rappelait qu’elle est la condition pour voir Dieu, comme l’a répété la première lettre de saint Jean (voir la deuxième lecture). À cette vision de Dieu, nous n’avons que quelques années pour nous y préparer. Comment ? En apprenant à préférer Dieu dans les choix que nous posons au quotidien.
Terminons… Je vous parle souvent, chers frères et sœurs, de Newman. Pardon si c’est trop ! Heureusement, le monde des saints est vaste. Parmi eux, il doit bien en avoir l’un ou l’autre qui sera l’objet de votre affection. Ne vous creusez pas trop la tête pour savoir qui il faudra choisir. Cela vous sera donné.
Certes, nous avons un ange gardien, mais le saint, contrairement à lui, a une histoire, un tempérament, un caractère, une humanité, un visage qui nous sourit et dans lequel nous pouvons nous reconnaître. La présence des saints nous entoure, comme le dit la lettre aux Hébreux : « enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins » (He 12,1). Je suis sûr qu’ils vous encourageront, mieux que je ne puis le faire, à marcher sur le chemin de la sanctification.


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