Homélie pour le 19E dimanche du Temps ordinaire | 10/08/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- 9 août
- 3 min de lecture

Celui qui veut être sérieusement disciple de Jésus sait bien qu’il doit constamment veiller à sa conduite, à ses pensées, à ses actions, à ses mœurs. En tout cela il est appelé à plaire au Seigneur. Qu’est-ce que le Christ attend de moi aujourd’hui ? Que pense-t-il de ce que je fais, de ce que je dis, de mes attitudes, de mes choix, de mes réactions, de mon comportement ? Toutes ces questions nous habitent, je dirais, presque sans cesse. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, nous savons que, depuis notre baptême, nous avons le Christ au cœur. Et si d’aventure nous faisons le mal, nous ne faisons pas que transgresser un commandement, mais plus profondément nous nous opposons à une présence, dit Newman.
Mais il y a une autre raison pour laquelle toutes ces questions trouvent leur pertinence. C’est parce que nous savons que le Christ viendra. Et c’est ce que le passage d’aujourd’hui nous rappelle : Il apparaîtra à tous les hommes dans la gloire. Et à ce moment, il ne sera plus possible de fuir ces questions ou de les laisser dormir. Il ne sera plus possible non plus d’atténuer sa responsabilité en mettant les autres en cause. Le regard de Jésus se posera sur nous, sur chacun d’entre nous. Et dans ses yeux se reflètera toute la vérité de notre vie ; se mesurera aussi la distance ou la proximité que nous avons eue avec Lui. Pour le dire autrement, ce sera le jour du jugement. Et le sort de notre vie sera scellé à jamais. Heureux sommes-nous si, devant Lui, nous n’avons aucune honte, si nous ne rougissons pas ; heureux encore si nous entendons son invitation de prendre place à sa table. Et nous serons également étonnés de voir Jésus se lever et se mettre à nous servir.
Je sais bien, frères et sœurs, que ce que je viens de vous dire est de nature à troubler la tranquillité de cet été, en vous parlant du jugement qui nous attend. Mais, je vous en parle parce que, tout d’abord, le passage d’aujourd’hui m’en donne l’occasion. Et puis, il ne faudrait pas l’oublier, il s’agit là d’une dimension essentielle de l’Évangile que nous proclamons et qui lui donne aussi tout son sérieux. À la Pentecôte, les Apôtres n’ont pas annoncé l’Évangile comme quelque chose — pardonnez-moi l’expression — de « chouette et sympa ». Mais ils ont annoncé, à la demande de Jésus, le repentir à toutes les nations pour la rémission des péchés (Lc 24,47). Et ils l’ont fait avec ce sentiment de l’urgence que le Seigneur est sur le point de venir. En d’autres termes, les Apôtres nous disent qu’une vie à la légère n’est plus de mise, que nous sommes à la dernière heure, que c’est le moment favorable pour le salut (2 Co 6,2). C’est maintenant, et il ne s’agit pas d’avoir la tête ailleurs.
Newman, dans un de ses sermons, insistait beaucoup là-dessus. Cette doctrine du jugement et du repentir a frappé l’esprit des païens de l’Antiquité. Elle a fixé l’attention des foules irréfléchies qui s’agitaient dans les plaisirs. Elle les a pénétrées de crainte en leur offrant la vision de la vie future (voir Sermons paroissiaux I,2 « L’immortalité de l’âme »). Mais, Newman répétait souvent que se convertir, se repentir, changer sa vie du tout au tout, cela prend toujours du temps. Or, nous sommes au moment du dernier délai : « la dernière heure est là » (1Jn 2,18). Aurai-je le temps d’accomplir mon service ?
Il y a un moyen, frères et sœurs, pour qu’au moment où cette heure arrivera à son terme, nous ne soyons pas accusés, par exemple d’avoir gaspillé cette heure, ou d’avoir vécu sans tenir compte du Seigneur et de sa venue.
Pour ne pas être accusé plus tard, à la fin, alors il faut nous accuser nous-mêmes maintenant. Et c’est ce que nous vivons dans le sacrement de la réconciliation ou de la pénitence. Ce qui en nous déplaît au Seigneur, apprenons aujourd’hui à le détester. Ainsi, même s’il y a encore en nous des imperfections, nous aurons déjà commencé à penser comme le Christ, à avoir les mêmes sentiments que Lui et à marcher avec Lui.


Père Damien, votre homélie met admirablement en lumière l'exigence de vigilance constante et d'introspection que le disciple de Jésus est appelé à vivre. L'idée que le Christ est au cœur et que chaque action nous y confronte est particulièrement puissante. Cela souligne une responsabilité morale et la nécessité d'une grande clarté d'esprit pour aligner nos actes sur nos convictions profondes, évitant ainsi de « s'opposer à une présence » comme le dit Newman. Cette capacité à réagir en accord avec notre foi, à prendre les bonnes décisions au bon moment, demande une agilité non seulement spirituelle, mais aussi mentale face aux défis quotidiens. Pour ceux qui s'interrogent sur la rapidité de nos réponses et comment cela peut refléter notre capacité…