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Homélie pour le 1ER Dimanche de carême | 06/03/2022 | P.Damien Desquesnes.

Dernière mise à jour : 22 mars 2022



Homélie pour le 1er dimanche de carême. (6 mars 2022 - année C) « Tout le malheur des hommes vient de ne pas savoir rester en repos dans une chambre » (Blaise Pascal) Qu’est-ce que ça veut dire : « rester en repos dans une chambre », sans distraction ? Lorsqu’on voit les commentaires sur le net, on dit que l’homme pense à sa finitude, à sa mort. Cela est sans doute vrai pour celui qui pense…


Mais avant de penser, l’homme s’éprouve lui-même. Il fait l’expérience des mouvements qui l’agitent. Pour celui qui n’a pas l’habitude de rester seul, c’est d’abord l’ennui. Ensuite, il entendra monter la rumeur des passions qui cherchent à s’assouvir. Elles sont là, revendicatrices, frustrées : leur cri est lancinant. Nous pensons naïvement que nos chambres sont des lieux tranquilles - nous les avons d’ailleurs aménagées pour y goûter un sommeil paisible - mais lorsqu’on y reste à rien faire, nous sentons la pression que les passions exercent sur nous. Nous devinons qu’y céder nous inclinera à nous résigner que nous ne sommes que chair, que nos efforts ne peuvent pas nous être utiles pour nous élever au-dessus de ces mouvements passionnels.


Frères et sœurs, ce que les passions font sur nous, le diable le fait sur le Christ quand l’Esprit le pousse au désert, loin des hommes. Il est seul. Le diable s’approche de lui et se découvre. Il le tente par d’odieux mensonges. Il le pousse à abuser des pouvoirs qui lui reviennent comme Fils de Dieu. Il cherchent à lui faire sentir l’humiliation de l’échec pour lui dire : « Tu es le Fils de Dieu ? En fait, tu ne vaux pas mieux qu’un être de chair, un fils d’Adam. Plus haute a été ton élévation, plus cuisante est ta chute » Le diable est malin, nous le voyons…


il ne s’approche pas n’importe quand du Seigneur. Il attend que le Seigneur soit et affaibli par le jeûne. C’est pour lui la occasion où il peut espérer le faire tomber. Mais Jésus ne négocie pas avec lui ; il répond sèchement d’une parole à la ruse du tentateur. Lorsque dans nos chambres nous affrontons la passion, n’essayons pas de jouer au plus fin avec elle. C’est comme un cheval fou : elle n’a pas beaucoup d’intelligence, mais beaucoup d’énergie. L’affronter est donc une question de force et de ténacité. Si elle impressionne ou vous persuade d’aller dans son sens, appuyez-vous sur l’expérience de l’Église : « Résistez au démon (à la passion), il s’enfuira loin de vous » (Jc 4,7).


Quand la passions nous sent bien décidés à ne pas céder, elle finit par se calmer. Et peu à peu, à force de persévérance, les mouvements passionnels se civilisent ; la raison finit par les réguler. Ne manquez pas de rentrer dans vos chambres durant ce carême. Comme je vous l’ai dit, elles ne sont peutêtre pas des lieux aussi tranquilles qu’elles en ont l’air. Vous n’y serez pas si seuls que cela, malgré les apparences. Vieux démons, frustrations, rancunes, vices cachés, amertumes mal digérées ou haines recuites : tout cette engeance va tôt ou tard montrer le bout de son nez.


Le Christ aussi sera là ! Et si vous voulez mon avis - j’espère qu’il ne vous le fera pas moins aimer - c’est sans doute le Christ lui-même qui provoquera les passions, qui les poussera à tomber le masque… pour que nous les affrontions, pour que nous engagions nos énergies au combat intérieur. Je reviens à Pascal. Il nous disait que tout le malheur des hommes vient de ne pas savoir rester en repos dans une chambre. Tout en gardant l’esprit de cette phrase, on pourrait le formuler ainsi : tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils renoncent à engager le combat contre leurs passions.


Et faute de mener ce combat intérieur, les hommes porteront leurs énergies dans des guerres à l’extérieur d’eux-mêmes. Débridés, l’orgueil, la colère, l’avarice, le goût du pouvoir, l’ambition et la vaine gloire peuvent aller jusqu’à la folie meurtrière. En demandant de jeûner pour la paix lors du mercredi des cendres, le pape pensait à ce combat intérieur - décisif - spirituel. Si l’homme ne l’emporte pas, c’est la passion qui mènera sa vie. Il sera incapable de se donner.

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