Homélie pour le 21E dimanche du Temps ordinaire | 24/08/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- 24 août
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Frères et sœurs, nous voilà arrivés à ce moment de l’année où se taisent les cigales et prend fin l’insouciance de l’été. Et dans l’Évangile, nous entendons poindre ce qui ressemble à une petite angoisse : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
Vous le savez, dès le début, le Seigneur enseignait la proximité du Royaume ainsi que la nécessité de se repentir : « Convertissez-vous car le Royaume des Cieux est tout proche » (Matthieu 4,17). Le passage de ce dimanche évoque la possibilité que tous n’entreront pas dans le Royaume annoncé, qu’en fait il faudra peut-être accepter que le nombre des sauvés soit petit…
Quelle différence avec cette chanson de Michel Polnareff : « On ira tous au Paradis… qu’on soit brebis ou bandit… béni ou maudit… avec les saints ou les assassins… »

Mais si nous examinons l’Évangile d’aujourd’hui, il importe de souligner deux choses. Tout d’abord, Jésus ne prend jamais de malin plaisir à susciter l’angoisse dans l’esprit de ceux qui l’écoutent. Ensuite, il ne veut pas que nous pensions que le salut soit quelque chose qui va de soi : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Luc 13,24). Il y a une difficulté qui est représentée par la porte et il convient d’en approfondir la signification.
Avant cela, remarquons que ce n’est pas parce que la porte est étroite qu’elle veut opérer une sélection. Même étroite, la porte reste ouverte à tout le monde. Le salut n’est pas réservé à une élite ou à quelques privilégiés. Rappelons-nous cette phrase de saint Paul : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2,4). Cela veut dire que tous ont vocation à passer par l’étroitesse de la porte, même si cela peut paraître rébarbatif…
On le sent bien, grâce au contexte de ce passage — la montée de Jésus vers Jérusalem —, la porte étroite évoque la croix. Pour être sauvé, il faut passer par elle. Un autre chemin serait une illusion ; ce ne serait pas le salut.
En tout cas, Jésus est passé par cette porte en premier ; c’est même lui qui l’a ouverte. Et si « être disciple » veut dire « marcher à la suite de Jésus et avec lui », alors il ne faut pas que nous ignorions la croix. C’est en passant par elle que nous ne porterons pas seulement le nom de chrétien, mais que nous le serons vraiment !
Frères et sœurs, la croix et son esprit surviennent dans la vie du disciple comme quelque chose qu’il n’avait pas imaginé au départ : elle n’appartient pas à son programme de vie. Elle sera toujours une « intruse ». Rappelons-nous la réaction de Simon-Pierre et des autres apôtres quand Jésus leur eut annoncé sa passion pour la première fois : ils ne voulaient pas en entendre parler (voir par exemple Marc 8,31-33).
Je ne serai pas cruel avec vous ce matin et je ne vous recommanderai pas de vous procurer des clous pour accueillir la croix dans votre vie… Mais une porte étroite s’ouvre réellement devant nous quand nous devons faire le choix entre, d’une part, notre volonté propre, notre inclination instinctive, nos petites préférences du moment et, d’autre part, ce que le Seigneur attend de nous.
Par exemple, je passe par la porte étroite quand je fais tel acte de bonté pour l’amour de Dieu… Non pas pour me faire plaisir, ou parce que ça m’arrange bien, ou parce que finalement j’ai plus à y gagner qu’à y perdre, ou encore pour recevoir l’éloge et l’admiration des autres, mais seulement parce que le Seigneur me le demande et qu’il l’attend de moi. Nous savons, par expérience, que ces choix sont difficiles. On ne les prend pas sans combat ni sans se vaincre.
Mais ces choix répétés que nous prenons dans le but de plaire au Seigneur mènent à la liberté. Je veux dire à la libération par rapport à l’égoïsme et aux passions. Saint Paul ne disait pas autre chose aux Galates : « Ceux qui appartiennent au Christ — c’est-à -dire ses disciples — ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises. » (Galates 5,24)