Homélie pour le 22E dimanche du Temps ordinaire | 31/08/2025 | P. Damien Desquesnes
- Xavier Joachim
- il y a 5 jours
- 3 min de lecture

Dimanche dernier, le Seigneur encourageait ses disciples à s’efforcer d’entrer par la porte étroite. Nous avons vu que cette porte étroite représente la croix par laquelle il faut passer pour être sauvé.
Frères et sœurs, dans la vie concrète, les croix se présentent à nous sans que nous l’ayons cherché. Pas la peine de les inventer !
Or la lettre aux Hébreux — dont nous lisons des extraits depuis quelques semaines — aborde justement la question de la présence de la croix. Ces Hébreux étaient probablement des Juifs de haute culture qui sont devenus chrétiens. Dès leur baptême, ils ont fait l’expérience de la croix : « Vous avez soutenu un grand assaut de souffrances, tantôt exposés publiquement aux opprobres et aux tribulations… vous avez accepté la spoliation de vos biens… » (He 10, 32..33). Pour « ces Hébreux », la croix à porter était quelque chose d’immense. Mais sachez bien que la présence de la croix dans leur vie comme dans la nôtre n’était pas un coup de malchance. Elle est précisément ce qui distingue la vie chrétienne de la vie du monde. Vous ne la trouverez ni chez l’athée ni dans aucune autre voie religieuse.
Le passage de cette Lettre aux Hébreux que nous avons entendu aujourd’hui nous laisse entrevoir le monde au-delà de la porte étroite : « Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête, et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux » (He 12,22-23). Le jour viendra en effet où nous verrons clairement la beauté de ce monde qui se trouve derrière la porte.
Pour moi-même, je ne vous cache pas que je suis curieux de découvrir le visage des anges, car jusqu’à présent je n’en ai vu aucun. À ce propos, savez-vous que les anges possèdent une joie que nous avons presque oubliée, une joie qui s’appuie sur un motif tout simple : celle d’exister… Mais savez-vous également qu’en les rencontrant, après avoir passé la porte étroite, nous leur partagerons une joie qu’ils ne connaissent pas : la joie d’être sauvés (Ps 50,14) ? Nous leur dirons : Nous revenons de loin, mais, si loin que nous étions, la main du Seigneur nous a trouvés (voir Ps 138,9-10) ; et elle nous a conduits jusqu’à vous. Nous leur dirons encore : nous sommes passés par l’épreuve ; nous avons franchi la porte étroite en nous dépouillant de nous-mêmes…
Ce n’est pas tout. Pour franchir le seuil de cette porte, nous pourrons témoigné que nous avons reçu une force : c’est la vertu d’espérance.
L’espérance, frères et sœurs, n’est pas seulement le thème de cette année jubilaire. Elle est un don de Dieu. Il la donne à chaque âme chrétienne lors de son baptême en même temps qu’à toute l’Église.
La lettre aux Hébreux la compare à une ancre de navire. Cette ancre de l’espérance est solidement plantée au-delà de la porte étroite. Une chaîne nous relie à cette ancre à travers la porte étroite. Cette chaîne, nous pouvons la saisir et nous y accrocher. Si nous sommes ballotés à gauche ou à droite par toute sorte de déconvenues, si nous ne comprenons pas le sens des événements qui nous arrivent, rien qu’en s’agrippant à la chaîne de l’espérance, nous pouvons dire que, d’une certaine manière, nous avons déjà posé un pied derrière la porte étroite.
Cela nous permet de comprendre ce que saint Paul dit au chapitre huit de sa lettre aux Romains : vous êtes sauvés, mais c’est en espérance (Rm 8,24). Paul veut dire que nous sommes vraiment sauvés. Le salut ne peut pas nous être retiré ; le sang que Jésus a versé pour nous l’obtenir ne l’a pas été en vain. La chaîne de l’espérance ne peut pas se rompre : si maintenant, nous sommes encore dans la difficulté, si nous sommes oppressés par l’étroitesse de la porte, l’espérance nous garantit de la franchir et de voir éclater la joie d’être sauvés.
Je vous ai dit que la Croix est le propre de l’esprit chrétien, mais la joie d’être sauvé l’est également. Et elle ne peut être comparée à aucune autre joie ! Certes, elle est encore objet d’espérance, mais savoir qu’elle nous attend certainement nous encourage (He 6,18) à parcourir cette vie avec grand cœur.
Commentaires