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Homélie pour le 2ème dimanche de Pâques I p. Damien I 11/04/2021




L’Évangile de ce matin nous transporte au cœur de l’Église primitive, celle qui s’était réfugiée dans le Cénacle, transie de peur. Elle s’était lovée dans une impasse ; elle était sans perspective ; elle avait fermé les portes sur elle-même et n’avait pas les ressources morales de les ouvrir.


C’est dans ce Cénacle, dans cette espère de fosse commune, que se produit l’impensable : Jésus vint et il était là au milieu d’eux. L’Évangile nous rapporte son premier mot : « La paix soit avec vous ! » Celui qui avait roulé la pierre et ouvert sa tombe, celui qui avait fracassé les portes du séjour de morts, lui avait pu se jouer des obstacles qu’avait dressés la peur des hommes.


La venue et la présence du Ressuscité dans la première communauté chrétienne avait complètement changé son état d’esprit. Tous, ils avaient peur, mais « ils furent remplis de joie à la vue du Seigneur. » Le Christ avait fait entrer la lumière dans les lieux inférieurs – les enfers – il venait maintenant d’inonder le Cénacle de joie.

Quelle joie ? La joie de découvrir à nouveau un visage rayonnant ; joie telle qu’aucun cœur humain ne peut l’oublier ; joie qui oriente et qui marque à jamais la vie d’une âme !

Souvenons-nous des paroles d’adieu que le Seigneur prononça aux siens une heure avant sa Passion : « Vous aussi, vous voilà tristes ; mais je vous verrai à nouveau et votre cœur sera dans la joie ; et votre joie, nul ne vous l’enlèvera. Ce jour-là, vous ne me poserez aucune question. »


Frères et sœurs, ce jour est arrivé ! C’est le troisième jour après la mort de Jésus, le premier de la semaine. C’est, comme le dit le psaume, le Jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie. Et puisque c’est un jour de fête et de joie, le jour de la résurrection de Jésus est aussi le jour où l’Église est relevée de sa prostration.


Voilà deux ans et demi que je suis parmi vous. Si vous avez été attentifs, je vous dis à peu près chaque fois la même chose pour ouvrir l’eucharistie du dimanche. Je vous rappelle que ce jour-là, le Seigneur renouvelle sa présence à son peuple. Si je répète cela, c’est tout d’abord parce qu’une idée nouvelle et géniale ne me vient pas tous les dimanches, mais plus encore, je le dis surtout parce que c’est vrai. Le dimanche, le Seigneur renouvelle sa présence à son peuple !

Et cette vérité doit être répétée pour nous marquer. L’enjeu, c’est la joie du peuple chrétien : joie tranquille et profonde ; joie fondatrice ; joie qui soit une prophétie de l’éternité. Enfin, ce doit être une joie qui ne doit avoir qu’une seule cause : la venue et la présence du Ressuscité.


Je sais bien qu’il y a parmi nous des tempéraments enthousiastes et des optimistes de nature, mais la joie chrétienne, c’est la joie d’une victoire sur un monde enfermé sur lui-même et dont la fermeture est justement cause de sa tristesse. Un monde fermé sur lui-même est triste parce qu’il ne parvient pas à chasser l’ombre de la mort qui plane sur lui, parce que c’est un monde sans véritable nouveauté : tout y est monotone ; tout finit par retomber dans les travers d’une histoire qui se répète. Cette tristesse, on tente de l’exorciser par des bagatelles, par des sensations de plus en plus rares, par des joies d’un moment.


Je voudrais terminer en insistant : la joie chrétienne ne se fabrique pas. Elle ne vient pas de nous ! Elle ne se forge pas à l’aide de méthode de coaching… Mais elle nous donnera certainement la force et le goût de rester fidèles à Dieu même si nous sommes déprimés, en deuil ou dans l’épreuve. Et si nous voulons en être marqués, comme les Apôtres l’ont été, venons au rassemblement dominical, même si je sais bien que les circonstances empêchent un grand nombre d’entre nous d’honorer ce rendez-vous. Nous finirons bien par avouer ce qu’un jour m’a confié une personne âgée : un dimanche sans messe est une semaine sans soleil.

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