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Homélie pour le 4E dimanche de l'Avent 18/12/2022 | P.Damien Desquesnes.


Plus que les autres dimanches de l’Avent, celui-ci nous met au seuil de la fête de Noël. Le passage de l’évangile nous parle de l’annonce de l’Ange à Joseph. Il l’informe de l’œuvre que Dieu est en train d’accomplir. Joseph, dit Matthieu, est un homme juste, respectueux de la Loi ; il ne concevait pas de s’unir à une femme qui ne serait pas vierge de corps. Et voilà qu’il découvre Marie enceinte. Enceinte et cependant vierge de corps et d’esprit. Remis dans le contexte de l’Avent, le personnage de Joseph nous permet de voir un autre aspect de la conversion que celui mis en avant par Jean Baptiste. Pour « la voix qui crie dans le désert », se convertir, c’est se détourner du péché.


C’est en effet une dimension fondamentale de la conversion. Avec Joseph, se convertir signifie aussi s’adapter aux voies de Dieu, si surprenantes soient-elles. Frères et sœurs, je voudrais insister ce matin sur ceci : quand il agit dans le monde, Dieu ne demande la permission à personne. Quand il crée ou quand il sauve, il ne prend conseil auprès de qui que ce soit. Quand il impose une Loi à Israël, il n’en négocie pas les articles, mais il les fonde sur sa propre autorité : « Je suis le Seigneur ! » (Ex 20,2) Quand il appelle quelqu’un à son service, il l’arrache à la banalité de sa vie. Moïse, par exemple, était occupé à garder les troupeaux de son beau-père Jéthro quand Dieu attira sa curiosité à travers ce buisson qui brûlait sans laisser de cendres.


Il l’envoya en Égypte pour une mission impossible : arracher ses frères à l’oppression de Pharaon. Gédéon, lui aussi, était occupé à battre le blé dans la cour intérieure de sa maison, à l’abri de la convoitise des hommes du désert, quand l’Ange du Seigneur le visita pour lui demander de juger Israël. Dieu intervient ; Dieu initie ; Dieu commence… C’est imprévisible ; c’est déroutant ; cela défie une prudence toute humaine. Mais Dieu prend aussi le temps d’expliquer. Il ne se justifie pas, mais il persuade ; et, peu à peu, il vainc toute réticence. Il y a cependant une façon spéciale par laquelle Dieu fait irruption dans la vie d’un homme : quelquefois, il le visite en lui demandant son hospitalité. Dans le livre de la Genèse, Abraham reçoit sous sa tente trois mystérieux personnages qui semblent n’être qu’un seul. Pour eux, le patriarche prodigue les soins que mérite tout étranger ; il apprête un repas qui a toutes les allures d’un festin.


Et il reçoit l’assurance que la promesse d’avoir un fils s’accomplira bientôt. Notre Joseph est fils de David, mais aussi fils d’Abraham. Le voilà qui prend chez lui son épouse. Il pratique à l’endroit de Marie cette hospitalité qui ouvre sur la vie : dans son foyer va naître celui que le psaume appelle « le plus beau des enfants des hommes » (Ps 45(44),3). Frères et sœurs, dans la vie concrète, pratiquer l’hospitalité est quelque chose de courageux, mais pas toujours paradisiaque. L’expérience véhiculée par nos langues montre que l’hospitalité et l’hostilité sont à la fois très différentes d’esprit et de temps en temps très proches. L’hospitalité nous appelle à ne pas aimer « en théorie », mais en réalité : accueillir un étranger nous sort toujours de la banalité. Et le Seigneur nous avertit que l’accueil offert ne recevra pas forcément un retour…


Quoi qu’il en soit, le Christ cherche également à entrer dans nos vies : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » (Ap 3,20) Oui, le Seigneur est venu naître à Bethléem, la ville de David, littéralement « la maison du pain ». C’est là qu’il reçut l’hospitalité parmi nous. Et maintenant, pour l’avoir accueilli sur notre terre, c’est lui qui se fait notre pain. Recevons-le avec foi quand nous nous approcherons de l’autel. Qu’ainsi sa présence se renouvelle sans cesse en nous.

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