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Homélie pour le 5E dimanche de Pâques | 15/05/2022 | P.Damien Desquesnes.


Homélie du cinquième dimanche de Pâques (15 mai 2022 - année C) Depuis le début du temps pascal, nous entendons, en guise de première lecture, des passages tirés du livre des Actes des Apôtres. Ceux-ci nous racontent les premières années de l’Église. Elles sont dominées par deux grandes figures : Pierre et Paul. La mission du premier commence dès la Pentecôte. Rempli de l’Esprit, Pierre sort du cénacle avec tout le groupe des Douze et annonce ce que Dieu a fait pour Jésus de Nazareth : ce Jésus que les hommes ont crucifié, Dieu l’a ressuscité ! C’est en substance le contenu des discours que Pierre prononce dans les Actes.


On le voit, cette prédication pique le cœur des auditeurs et provoque leur conversion. C’est ainsi que Pierre accomplit le commandement que le Ressuscité avait laissé : « Jésus leur dit : Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem » (Lc 24,46-47). Bien que Pierre soit mort à Rome, en martyr, les Actes confinent sa mission à la terre d’Israël. Tout autre sera le style de la mission de Paul, laquelle commence après sa conversion sur le chemin de Damas. Paul est en effet l’homme des grands voyages. Le passage de ce matin évoque les villes où il est passé et son retour à Antioche de Syrie, d’où il était parti.


Que faisait Paul ? Comment était-il missionnaire ? Quand il arrivait quelque part, il se rendait à la synagogue. C’était son point de chute, une terra cognita. Comme c’était l’usage, on lui proposait de prononcer une parole d’exhortation ; et Paul tâchait de montrer à partir de l’Écriture que Jésus est le Christ, le Messie promis. Paul n’arrivait pas comme une météorite, prenant les gens qu’il rencontrait à brûle pourpoint. Il saisissait la perche qui lui était tendue. Autour de ces synagogues gravitait un groupe de païens fascinés par le Dieu d’Israël. Ces gens entendaient la prédication de l’Apôtre et la foi dans le Christ germait en eux. Paul n’est pas le premier témoin de ce phénomène, mais avec lui, il devient massif, ce qui ne sera pas sans remuer la première Église.


Retenons avant tout la méthode de Paul : se faire juif avec les juifs quand il s’adresse à ses coreligionnaires. De la même façon se fera-t-il philosophe païen avec les philosophes païens quand ses pas le mèneront à Athènes. En s’adressant à eux à l’Aréopage - au lieu où se discutaient toutes les opinions - Paul leur expliquait que le Dieu qui s’est relevé à Israël - le Dieu auquel il croit - c’est aussi le Dieu qu’ils cherchent. Luc nous a laissé le contenu de ce discours au chapitre 17 des Actes. Cependant celui-ci se solda par un échec. En effet, quand Paul leur eut parlé de la résurrection, on lui répondit : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois » (Ac 17,32). Paul fit le constat amer qu’il n’est pas facile d’obtenir la conversion de celui qui est sûr de sa propre sagesse.


À part Denys, Damaris et quelques autres, il n’y eut pas grand monde à faire de saut de la foi… Frères et sœurs, je ne vous dis pas cela pour vous mettre à consoler Paul de son échec. D’ailleurs l’Apôtre est mort heureux d’avoir mené le bon combat, celui de la foi, celui de l’évangélisation. Je dis cela pour réaliser ceci : Paul est d’une certaine façon l’arbre qui cache la forêt. Que serait-il sans l’Église ? Sans la communauté d’Antioche qui l’avait remis à la grâce de Dieu, qui l’avait porté dans sa prière et avait subvenu à ses besoins ? J’imagine Paul et Barnabé parler à l’assemblée de la conversion des nations. J’imagine encore les chrétiens d’Antioch s’émerveiller du déploiement de la volonté divine. Jésus lui-même ne faisait-il pas chose semblable ? Quand il avait fini de parcourir les villes et les villages de la Galilée, il revenait à la maison de Capharnaüm.


Lui-même accueillait ses disciples à leur retour de mission. Il aimait leur laisser l’occasion de raconter comment ils avaient guéri les malades et soumis les démons. Oui ! Qu’est-ce qu’un missionnaire sans l’Église ? Qu’est-ce qu’annoncer un Évangile à l’extérieur de l’Église qui ne serait pas vécu à l’intérieur d’elle ? La crédibilité de l’Évangile du missionnaire, c’est la sincérité de la foi et de l’amour fraternelle de la communauté qui l’envoie. Quand on considère l’ensemble des chrétiens, peu ont l’âme et la vocation d’un homme comme saint Paul. L’art de la parole, la trempe et le courage de courir de si longues routes sont des ingrédients qui sont rarement réunis en une seule personne. Mais nous pouvons participer à la mission actuelle de l’Église par un témoignage sans parole et cependant convainquant, celui de la droiture morale : « à ceci tous reconnaîtront que vous êtes de mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ».


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