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Homélie pour le 5ème dimanche du Temps pascal I p. Damien I 2/05/2021




Le Seigneur se sert de différentes images pour parler de lui-même. Dimanche dernier, c’était l’image du bon berger ; ailleurs, il se désigne comme la porte des brebis ; à un autre endroit enfin, il se présente comme le pain vivant qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Aujourd’hui, c’est l’image de la vigne qui est mise en avant.

À vrai dire, Jésus ne sort pas cette image de nulle part ; elle existe déjà. L’Ancien Testament utilise l’image de la vigne pour parler du peuple saint de Dieu. Voilà qui est en fait curieux ! car le Seigneur semble ainsi s’identifier à ce peuple saint : il l’est tout entier. Mais comment être un peuple à soi tout seul ?


Le passage que nous venons d’écouter laisse entendre que Jésus comprend en lui tous ceux qui se réclament de lui. Il est personnellement la vigne, mais il est comme un seul homme avec les sarments, lesquels sont greffés en lui, attachés à lui indissolublement. Et les sarments, c’est nous, les différents membres de son corps. La vigne, c’est donc le peuple saint de Dieu : le pied de la vigne – le Christ – uni aux sarments. Comme le disaient les Pères de l’Église : le Christ total.


Quelle étrange façon de voir les choses ! Seule en effet la résurrection permet de considérer la réalité ainsi… La vitalité du Ressuscité déborde de lui ; il ne peut en être autrement. Et parce que nous avons reçu le baptême qui nous unit à lui, le Christ est à la racine de notre vie nouvelle. Sa sève, sa vitalité passe sans cesse de lui à nous.


Présent à l’âme croyante, il demeure en elle. En chacune de ces âmes, il est vivant ; il les irrigue de sa propre vie, les rendant conformes à lui… Quelle ampleur y a-t-il dans cette image de la vigne ! Nous l’appliquons au Christ, mais sans le séparer de son Église. Un théologien du XXe siècle disait de l’Église qu’elle est le Christ « continué » ; sainte Jeanne d’Arc témoignait devant ses juges, au cours de son procès : « de Jésus et de l’Église, il m’est d’avis que c’est tout un. »


En parlant ainsi – en utilisant l’image de la vigne pour le Christ et pour l’Église, n’est-on pas en train d’idéaliser cette dernière ? La vigne correspond-elle à la réalité que nous voyons et que nous sommes ?


Il s’agit de ne pas perdre de vue la force de l’image. Elle va nous permettre de ne pas nous laisser impressionner ni arrêter par l’état quelquefois pitoyable de ses sarments. L’image nous oblige justement à scruter les apparences.


Le passage que nous avons entendu aujourd’hui rappelle que c’est dans la misère de l’Église que la grâce travaille. Le Père émonde et purifie les sarments qui sont attachés à la vigne justement parce qu’ils font partie de la vigne. De même, le Ressuscité est aussi la force de transformation des sarments.


En d’autres termes, l’image de la vigne nous permet de voir l’Église comme une réalité qui sanctifie les hommes, car en elle les sarments deviennent aptes à porter un fruit abondant : fruit d’un commandement mis en pratique, fruit d’une commandement qui rayonne de la résurrection : l’amour de Dieu et du prochain.


Naturellement, chacun doit être attentif aux actes qu’il pose envers autrui, ainsi qu’à ses manquements. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’œuvre de la grâce – l’action du Père et de son Fils – précède le premier de nos efforts ; elle les couronne et maintenant elle les accompagne sans cesse !


Appuyons-nous sur cette foi en la grâce : Dieu est fidèle. Cela nous permettra de ne pas nous lamenter sur tout ce que nous aurions raté ni de nous décourager devant les petits côtés des autres.

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