top of page

La paix est avec vous ! – Ah bon ? | 2E DIMANCHE DE PÂQUES | 19/04/2020

Dernière mise à jour : 20 avr. 2020




L’évangile de ce jour est à nouveau d’une actualité étonnante ! Et ce qui m’intéresse n’est pas d’abord l’image des disciples confinés dans le Cénacle par peur de l’ennemi mais surtout le fait que par trois fois Jésus s’adresse à ces disciples apeurés en leur disant : « La paix est avec vous ! » - et non pas « soit avec vous » comme le disent certaines traductions car il s’agit davantage d’une affirmation que d’un souhait. Et ma question est la suivante : Comment Jésus ose-t-il affirmer que la paix est avec les disciples, et avec nous, alors qu’apparemment rien n’a changé ? Que pour nous non plus la résurrection n’a apparemment rien apporté de concret : nous sommes passés du Carême au Temps Pascal voilà tout… De même que les disciples qui avaient « peur des Juifs » n’ont a priori pas de raison d’être rassurés par la présence de Celui qui trois jours plutôt n’avait opposé aucune résistance à ces mêmes Juifs, de même on peine à voir ce que Jésus ressuscite pourrait bien nous apporter dans la situation présente. Et les vidéos sont nombreuses à circuler qui tournent en dérision l’attitude des croyants avec leurs gri-gris et leurs prières : « Ce n’est pas votre Dieu qui va vous tirer d’affaire », nous répète-t-on…


Pourtant Jésus est là ce matin et il est lui-même la paix que les disciples – et nous aussi – sommes invités à accueillir dans la douce lumière de Pâques. Mais il va nous falloir exercer nos facultés baptismales pour nous permettre d’accueillir pleinement cette paix offerte. Nous avons en effet été équipés à notre baptême d’un kit, non pas de survie mais de vie, et de vie nouvelle avec trois armes surnaturelles que sont l’espérance, la charité et la foi.


Par trois fois que Jésus repète aux disciples apeurés : « La paix est avec vous ! » La première fois, l’évangéliste précise : « Après cette parole – ‘la paix est avec vous’, il leur montra ses mains et son côté ». Parallèlement, Saint Pierre affirme dans l’épître : « Béni soit Dieu, le Père de Jésus-Christ notre Seigneur, dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus-Christ pour une vivante espérance ». En ce deuxième dimanche de Pâques nous fêtons le dimanche de la Miséricorde dont l’institution a été demandée par Jésus à Sœur Faustine Kowalska, une religieuse polonaise. Sans la miséricorde, il n’y aurait que notre péché… et ce serait désespérant. La paix que Jésus nous donne vient de cette certitude qu’aucun péché ne peut résister à la miséricorde qu’il nous a manifestée dans sa Passion et dont ses mains et son côté portent la trace. Dans le cours habituel du monde, les maux s’accumulent et c’est péché sur péché dans une course en avant despérée. Et si ce temps où tout s’est arrêté, nous offrait la grâce de l’espérance, car, c’est sûr, il y aura une limite au péché. La sarabande infernale s’arrêtera elle aussi, et c’est la miséricorde divine qui aura le dernier mot. C’est pour cela que les apôtres sont remplis de joie à la vue des plaies du Ressuscité : c’est bien la joie de l’espérance qui renaît en eux lorsqu’ils constatent que le péché du monde a trouvé là sa limite !


Une deuxième fois, Jésus dit à ses disciples : « La paix est avec vous ! De même que le père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » L’homme n’est pas en paix tant qu’il ne sait pas qu’il a une mission et que cette mission correspond au désir de celui dont il vient et vers qui il retourne, c’est à dire de Dieu. Dans le cours habituel du monde, cette idée peut faire sourire. Comment le quotidien de ma vie peut-il constituer une mission ? C’est difficile à voir : il y a tant de compromission dans mon travail, de routine dans mon ordinaire, de tâches peu exaltantes… Et si ce temps où l’on applaudit tous les soirs ceux qui se dévouent, nous offrait la grâce de redécouvrir que seule la charité donne sens. La présence de la charité, de l’amour en nos cœurs transfigure notre quotidien en une mission reçue de Dieu lui-même ! Notez que cette mission est le fruit de l’Esprit c’est pourquoi Jésus ajoute : « Recevez l’Esprit Saint ! » L’Esprit Saint, engendré de l’amour que le Père porte au Fils et le Fils au Père va nous donner jour après jour lumière et force pour remplir notre mission dans le monde avec amour. Et nous serons en paix.


Enfin, dans notre évangile, Jésus fait retentir un troisième : « La paix est avec vous » et s’adressant à Thomas qui n’était pas présent lors de sa première apparition, il lui dit : « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! » Vous remarquerez que Jésus ne lui dit pas : « Sois crédule ! » Chesterton était un jour dans une réunion avec des athées et vérification faite, il découvrit qu’il était le seul à ne pas avoir sur lui d’amulette, de talisman ou de porte-bonheur et il en avait conclu : « L’athée n’est pas celui qui ne croit pas en Dieu, c’est celui qui croit en n’importe quoi ! » Dans une époque troublée, beaucoup se laissent gagner par l’irrationnel, les gourous et les remèdes miracles. Au milieu des épreuves, la foi authentique donne la paix car elle est abandon à la volonté de Dieu… parce qu’il est Dieu… parce qu’il ne peut « ni se tromper, ni nous tromper ». Et si ce temps particulier, était celui de la foi qui alliée à la raison illumine le chemin de l’homme et lui rend la paix.


Frères et sœurs, en cette semaine qui s’annonce sans grande nouveauté concrète, puissions garder en mémoire cette parole que Jésus ressuscité nous adresse : « La paix est avec vous ! » Que cette parole réveille en nos âmes l’espérance car le mal n’est pas sans limite – mais la miséricorde oui –, que cette parole avive en nos cœurs la charité car nous avons la mission d’aimer, qu’elle fortifie en nos esprits la foi car « Il est digne de foi Celui qui nous appelle des ténèbres à son admirable lumière » ! Amen. Alléluia !

104 vues1 commentaire
bottom of page