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Un regard profond | 2ème dimanche du Temps Ordinaire | p Damien | 17/01/2021

Dernière mise à jour : 26 janv. 2021




On associe souvent l’Aigle à l’Evangile selon saint Jean. Or l’aigle est un oiseau qui voit loin. Il repère sa proie à des kilomètres. En lisant le passage d’aujourd’hui, on peut avoir l’impression que chaque personnage est doté d’un tel regard.


Parmi la foule, Jean le Précurseur discerne Jésus qui va et vient dans la foule des pèlerins. Il voit également en lui son destin, sa vocation : « Voici l’Agneau de Dieu » ou, si vous préférez : « Voici le Serviteur de Dieu qui ôtera le péché du monde. » Jésus n’a pas encore prononcé un seul mot, mais Jean devine déjà le Vendredi saint, l’Agneau pascal immolé sur l’autel de la Croix. Son témoignage se renouvelle lors de chaque eucharistie ; le regard de Jean n’a rien perdu de son acuité et aide notre foi à reconnaître l’Agneau de Dieu.


Il y a aussi le regard pénétrant de Jésus : tout d’abord, celui qu’il pose sur Simon. En le voyant, le Seigneur perçoit qu’il sera la pierre sur laquelle il bâtira son Eglise : « Tu t’appelleras Képhas, ce qui veut dire Pierre. »


Il y a encore le regard qu’Il pose sur les deux disciples de Jean : ils le suivent sur l’indication du Baptiste et Jésus pressent le désir qui les habite : « Que cherchez-vous ? » Avec beaucoup de pudeur, les deux compagnons lui répondent par une autre question : « Maître, où demeures-tu ? » Comme s’ils ne voulaient trop directement avouer qu’ils aspirent à se mettre à son école, comme s’ils avaient de faire peser sur Lui quelque contrainte. Ils demandent seulement de connaître ce lieu que le Seigneur remplit de sa Présence, ce Lieu qui est tout sauf banal, lieu caché au commun des mortels mais accueillant pour ceux qui ont été formés à l’austère discipline de Jean, lieu où ils pourront être irradiés par le rayonnement du Christ, lieu où ils pourront Lui ouvrir leur coeur et le Lui donner. Lieu enfin où s’ouvrira leur regard : « Venez et vous verrez. »


L’Evangile indique qu’ils ont commencé d’être exaucés : « Ils virent où Il demeurait et ils restèrent auprès de Lui ce jour-là. » Ils restèrent donc, mais ce fut sans doute pour peu de temps. C’était en effet la dixième heure ; le jour touchait à sa fin. Mais une base avait été fondée ; une vie nouvelle avait commencé : une vie illuminée constamment par la présence du Christ.


Ce sera une vie qui ne cessera pas de s’amplifier. Bientôt, à Cana, le Seigneur leur montrera sa gloire. Ils accompagneront Jésus pas à pas pour réaliser de plus en plus que le Père est en Lui et Lui dans le Père. Le Christ veut en effet leur donner la vie divine en partage.

Frères, cette médiation nous permet de conclure ceci : tout l’édifice de la vie chrétienne repose sur un don, celui de la présence du Christ. Rien ne se fait de vraiment constructif si cela s’appuie en porte-à-faux de cette Présence.


Mais il y a quelque chose de différent entre les deux premiers disciples du Maître et nous… C’est que nous n’avons plus à demander où Il demeure. Nous savons que depuis notre baptême, le Christ habite en nous. Il est à la racine de notre existence surnaturelle ; Il est là et ce n’est pas pour s’enfuir subitement. Il est notre puissance et notre force ; Il est notre vie éternelle. Il oeuvre en nous avant que nous n’ayons mis la main à la pâte. Et dès que nous sommes attentifs à sa Présence, que nous voulons correspondre à elle par une foi vive, une foi concrète, une foi accompagnée d’actes qui en témoignent, alors l’être chrétien - l’homme nouveau - se déploie de lui-même.

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