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"La différence, c'est l'Esprit Saint" | 6E DIMANCHE DE PÂQUES | P. Sébastien Dehorter | 17/05/2020




Ce dimanche, les 26 grands enfants (ils ont entre 10 et 12 ans) qui se préparent à recevoir le sacrement de Confirmation sur la paroisse St-François auraient dû vivre un WE de préparation (avec les catéchistes et moi-même, au cœur de la forêt de Meerdael) en vue d’être confirmés jeudi prochain, 21 mai, fête de l’Ascension.

Hier, vous avez eu un temps en équipe et, juste après la messe, nous nous retrouverons encore, tous ensemble, à distance, bien sûr. J’espère que vous êtes bien présents, même si je sais qu’il est très difficile de vraiment participer à une messe derrière un écran. Surtout, je me demande souvent, et souvent avec inquiétude, si chacun de vous - et là, je m’adresse à tous - a continué de prier régulièrement ? Ou bien la foi, la relation à Dieu, la présence de Jésus Ressuscité, sont-elles devenues comme des choses mortes, comme lorsqu’on finit par oublier quelqu’un qui est parti au loin et pour longtemps ?

C’est bien de cela que nous parle l’évangile que nous venons d’entendre. La scène se déroule au soir du dernier jour de la vie de Jésus. Jésus sait qu’il va mourir et il l’a dit à ses disciples. Vous comprenez alors que ceux-ci sont extrêmement attentifs à ses paroles. Il parle lentement, il se répète car il voudrait qu’aucune de ses paroles ne soient oubliées. Pourquoi ? Car, comme St Jean l’a expliqué, il est en train de les aimer jusqu’au bout. Ses paroles ne sont pas du bavardage, ni de belles histoires pour faire dormir. Vous le savez, aimer quelqu’un, c’est lui dire des choses importantes, des « secrets » - non pas des cachotteries ou des racuspotages - mais de vrais secrets, des choses dont on est convaincu qu’elles sont vraies et qu’elles font vivre.

Jésus, donc, annonce son départ, c’est-à-dire sa mort, sa résurrection et son Ascension au Ciel auprès du Père. Et voilà qu’il dit : Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens [on peut traduire : je viens] vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. Etonnant, non ? Il part et, en même temps, il vient ; le monde ne le verra plus mais les disciples, eux, le verront ! Qu’est-ce que les disciples ont de différent par rapport au monde ? Ils sont bien dans le monde, non ? Tout comme vous et moi ? Jésus l’a dit un peu plus haut : Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir. La différence, c’est l’Esprit de vérité, l’Esprit Saint.

La première lecture a raconté une histoire étonnante. En Samarie, des hommes s’étaient attachés aux paroles de Philippe qui leur annonçait le Christ, ils étaient dans la joie, et pourtant, ils n’avaient pas reçu l’Esprit Saint. Ils étaient donc comme le monde dont parle Jésus dans l’évangile : on peut s’attacher à la Parole de Jésus, et pourtant ne pas avoir reçu l’Esprit Saint. Et alors, une fois que Jésus est remonté auprès du Père, on ne le voit plus, on pense qu’il a disparu, on finit par l’oublier. Beaucoup de personnes vivent comme cela. Pour eux, Jésus est quelqu’un du passé, une chouette personne, quelqu’un d’inspirant, mais maintenant, même s’il est vivant, il n’est plus là, en tout cas il est loin, et nous, nous sommes seuls ou, du moins, nous ne pouvons plus le voir. Un peu comme lorsqu’on vit de chouettes moments mais qu’après on continue de râler ! Car ces bons moments sont passés et il ne nous reste plus que leurs souvenirs qui finissent toujours par devenir froids comme les glaçons de l’apéro du dimanche.


L’amour fait voir des choses que les autres ne voient pas

Il y a donc vraiment quelque chose à comprendre à propos de l’Esprit Saint. Qu’est-ce que ça veut dire que ceux qui le reçoivent voient Jésus vivant ? À la fin du passage de ce matin, Jésus insiste sur la question de l’amour : Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. La vision de Jésus que nous essayons de comprendre, sa manifestation, n’est possible que grâce à l’amour. Car, vous le savez, l’amour fait voir des choses que les autres ne voient pas. C’est déjà vrai dans la vie ordinaire. Vous connaissez sans doute ce passage du Petit Prince où un renard explique des choses sur l’amitié. Et il dit à ce Prince qui a les cheveux couleur d’or : « Ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé [quand tu seras devenu mon ami], le blé qui est doré me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… ». Celui qui est devenu l’ami de Jésus devient capable, non seulement de se souvenir de lui, mais, plus encore, de reconnaître sa présence. Et alors, comme dit le renard, cela devient merveilleux.

Tout d’abord, l’Esprit Saint aide à voir Jésus vivant dans l’Eucharistie. Sans l’Esprit de vérité, on est comme un renard face à un champ de blé. Cela n’a aucun intérêt de regarder un morceau de pain. L’Esprit, lui, nous permet d’y reconnaître sa manifestation. On comprend que si le Seigneur est vraiment présent dans l’Eucharistie, c’est parce qu’il s’est donné jusqu’au bout : ceci est mon corps livré pour vous. Seul celui qui se donne est réellement présent. Et alors, la messe devient attirante, on se met à l’aimer car on aime y reconnaître la présence du Ressuscité.

Enfin, l’Esprit nous aide à reconnaître la manifestation de Jésus en chaque être humain, spécialement en chacun de nos frères et sœurs. Les paroles sont très fortes : je suis en mon Père, vous êtes en moi et moi en vous. Dans certaines religions, on n’ose pas écraser le moindre insecte car c’est un vivant, il fait partie du Grand-Tout, du Grand-Vivant. Mais nous, avons-nous l’audace d’aimer suffisamment Jésus pour reconnaître sa présence vivante en chacun de ceux qui gardent sa parole et en qui Jésus vient habiter ?

Que l’Esprit Saint vienne embraser nos cœurs du feu de son amour pour que nous ne soyons pas comme le monde, qui ne voit plus Jésus, mais que nous ayons l’audace de le voir et de l’aimer. C’est le grand secret qu’il nous livre aujourd’hui. Qu’il soit source de vie et de joie. Amen.

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